Le crime de Cantat

Le crime de Cantat
Après-Coup
Le crime de Cantat

May 24 2025 | 01:33:43

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Episode 96 May 24, 2025 01:33:43

Show Notes

Pour participer à la discussion sur l'affaire Cantat, il faut aborder des faits difficiles. Âmes sensibles s'abstenir.

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Episode Transcript

[00:00:07] Speaker A: Pour participer à la discussion sur l'affaire Kanta, il faut aborder des faits difficiles. Âmes sensibles de s'abstenir, vous écoutez. Je voudrais juste commencer par exprimer des regrets. Comme tu sais, puisqu'on a fait notre formation ensemble, j'ai été comme toi très, très, très psychanalytique pendant des années. Puis je l'ai fini par défroquer. J'avais un schéma dans ma tête. entre autres relativement à la question des violences interpersonnelles. Puis le schéma était très, très, très marqué par la logique psychanalytique, la présupposition de l'inconscient, la croyance dans l'inconscient puisque c'est un sujet de débat, on y croit ou on n'y croit pas. qui implique que les choix qu'on fait dans la vie ne sont pas par hasard. Puis ce n'est pas parce qu'on ne sait pas pourquoi on les fait qu'on ne les fait pas intentionnellement. Puis que dans des relations interpersonnelles, il y a des dynamiques qui s'installent et que chacune des parties a à y voir. Puis ça, cette présupposition-là, ça m'a amenée, comme je sais que ça a amené beaucoup de gens, et peut-être encore, à penser des situations en termes de oui, mais qu'avait cette personne à y voir, y compris des situations où la personne en question était malmenée ou bien pire. Puis finalement, je ne crois plus ça, en fait. J'ai une autre perspective complètement, puis même j'ai des regrets parce que ça m'a amenée à voir les choses d'une façon injuste à l'occasion. Puis ça n'avait pas lieu. Et je dis ça en rapport avec le documentaire dont on va parler, qui vient de sortir il y a à peine un mois, sur l'affaire Cantant. En fait, c'est un documentaire sur Netflix de rock stars à tueurs. Je ne sais pas, qu'est-ce que tu en as pensé? [00:03:02] Speaker B: Moi, j'ai apprécié plusieurs éléments du documentaire. La ligne éditoriale est intéressante. J'haïs les formules de documentaire, la structure des documentaires de Netflix, pour plusieurs raisons. Certaines esthétiques, d'autres non. Mais je n'aime vraiment pas... Alors, j'ai ce biais-là. [00:03:23] Speaker A: Tu as un a priori négatif. [00:03:24] Speaker B: Oui. Pour moi, c'est un peu comme... C'est un peu comme le Big Mac du documentaire. Tu sais, ça se consomme bien. Je le savais avant que le... Ça dure quoi? Deux heures et quart environ, hein? Ces trois épisodes de 40 minutes. Je savais que ça s'écouterait bien, que tu peux même les écouter un après l'autre en boucle. comparativement, des fois, à un autre documentaire où tu dirais, parce que, justement, la structure te surprend ou il y a quelque chose qui est un peu plus ardu ou qui t'interpelle, t'as besoin de pause pour y penser. Là, ça va... Il aurait pu y avoir huit heures, t'sais, faites pour les binge-watcher, tout, là. Mais ça fait que ça fait partie de ce que j'aime pas, puis j'aime pas aussi tant qu'à être sur le sujet. Je vais me débarrasser de toutes mes... [00:04:08] Speaker A: De soulager ton âme. [00:04:11] Speaker B: J'haïs vraiment la musique. Pour moi, c'est terrible. Il y a une espèce de truc pour montrer que c'est dramatique. C'est une espèce de musique sombre. En fait, c'est une tonalité de film d'horreur. Puis pour moi, dans ce cas-là particulièrement, les faits se tiennent en tant que tels. T'as pas besoin de mettre une tonalité bizarre qui revient tout le temps, mais ça fait partie, en même temps, d'une espèce d'aseptisation qui fait que ça... Ah, ça, le fait qu'on sait pas trop c'est qui le narrateur, que les gens... Ah, la façon dont les entrevues sont faites, les bouts d'entrevues, tout est énorme. [00:04:57] Speaker A: OK, tu donnes combien d'étoiles sur cinq? [00:05:02] Speaker B: Oui, c'est ça, j'ai l'air de Zugiro dans ses School Neighbors. [00:05:07] Speaker A: Critique cinématographique. [00:05:09] Speaker B: Non, non, mais en même temps, ça s'écoute bien, je comprends ça, mais... Moi. [00:05:15] Speaker A: C'Est pourquoi je tenais à ce qu'on fasse un podcast là-dessus, c'est que d'abord, c'est accessible à tous ceux qui ont Netflix, ce qui ne semble plus être mon cas. Non, je voudrais le réécouter. Je suis barrée. Je suis sur des comptes d'autres personnes. [00:05:36] Speaker B: Oh my God! [00:05:37] Speaker A: J'ai été découverte. [00:05:39] Speaker B: C'est très drôle ça. [00:05:41] Speaker A: Je suis barrée. Bon, alors... Mais qui a Netflix peut voir le documentaire. Je sais pas pourquoi ça te fait rire. Tu ris d'un rire convenu, ça m'inquiète. [00:05:56] Speaker B: Non, non, mais ça me fait rire. Je me sentais mal de critiquer Netflix, mais toi, tu te rends compte que je peux pas le payer. Je vois ça comme quelque chose de comique. Moi, au moins, je le paye, mon Big Mac. [00:06:08] Speaker A: C'est ça. J'écoute pas assez Netflix, en fait, pour... payer 8 $ par mois plus du taxe. [00:06:16] Speaker B: Moi, je m'imagine appeler ton amie. « C'est quoi ton mot de pense, là? [00:06:20] Speaker A: » Peux-tu donner le code qu'ils viennent peut-être envoyer par texto? [00:06:28] Speaker B: Je pense que ça me paraît tellement rare qu'il y ait des gens, je constate qu'il y a quelqu'un qui est plus cheap que moi aussi, c'est comme si ça avait un effet. [00:06:42] Speaker A: Ah non, je ne suis pas de chez. Ce n'est pas du tout ça. Je suis une fille de principe. [00:06:46] Speaker B: Je ne suis pas de principe. [00:06:51] Speaker A: Mais théoriquement, donc, c'est accessible à qui veut y avoir accès. Donc, c'est grand public. Tu n'as pas à fouiller énormément. [00:07:00] Speaker B: C'est à jour, c'est nouveau. [00:07:01] Speaker A: C'est ça. C'est très récent. Tout le monde en parle en France, en vue d'un jeu de mots. C'est-à-dire que ça a fait vraiment beaucoup la une des émissions de radio, de télé. Puis aussi, ça revisite un cas, une situation dont il a amplement été question il y a 20 ans, mais dans une perspective complètement différente. [00:07:26] Speaker B: Oui, oui, exact. C'est assez fascinant. [00:07:28] Speaker A: Je trouve que c'est comme ce qu'on appelle un changement de paradigme, en tout cas en ce qui me concerne. L'approche, le traitement, c'est pas seulement qu'est-ce qui est arrivé à Vilnius ce soir-là, comment le procès s'est déroulé et pourquoi s'est-il déroulé comme ça, mais c'est aussi comment la presse a traité cette histoire-là il y a 20 ans et comment les mentalités ont évolué au cours des 20 dernières années d'une manière qui nous amène à voir les choses complètement différemment et donc d'inclure la couverture dans l'histoire. [00:08:07] Speaker B: Tout à fait. Exactement. Et en fait, on pourrait dire... Donc, il n'y a pas d'ambiguïté par rapport au fait que c'est lui qui a commis le crime. Ce n'est pas un documentaire qui... C'est clair que c'est lui qui l'a avoué, donc ce n'est pas qui l'a fait. C'est lui. Mais ce que tu pointes, ce serait l'idée que pour toutes sortes de raisons, dont des raisons culturelles, mais probablement des raisons aussi de pression de certaines personnes qui voulaient conserver la manne financière qui était Noir Désir. Il y a probablement des gens qui étaient... qui avait intérêt à ce qu'il puisse sortir de prison le plus vite possible et continuer à... Et qu'il ne. [00:08:43] Speaker A: Perde pas complètement sa réputation. [00:08:44] Speaker B: Oui, oui, c'est ça. [00:08:45] Speaker A: C'est parce que beaucoup de choses reposaient sur Kanta. [00:08:48] Speaker B: Je sais pas si c'est cynique de dire ça, mais je pense pas. Je pense qu'on peut vraiment penser qu'il y a des gens qui étaient impliqués financièrement autour de ça, qui voulaient... [00:08:55] Speaker A: C'est dit dans le documentaire. [00:08:57] Speaker B: Mais donc, tout ça a fait en sorte qu'il y a 20 ans ou à peu près, il y a eu toutes sortes de facteurs atténuants qui planaient subtilement, qui allaient dans le sens de réduire la portée dramatique de son geste. Donc, notamment, j'en ai noté quelques-uns, Il y a le fait qu'il porte bien la figure de l'artiste créateur passionnel et déchiré. [00:09:24] Speaker A: Oui, le poète maudit. [00:09:25] Speaker B: Oui, noir désir. Ça va dans le sens de, bon, en même temps... [00:09:29] Speaker A: L'écorché vif. [00:09:30] Speaker B: L'écorché vif. Oui. C'est pas... Il faut comprendre, mais il y a trois petits points qui peuvent amener... Tu sais, tu dis pas il faut comprendre, mais t'espères qu'en le disant, les gens vont penser, ah bien, il faut... Ah oui, c'est vrai que c'est un grand artiste, alors bon... Il porte bien ce personnage-là aussi. Si ça avait été quelqu'un qui n'était pas beau et qui s'exprimait mal, ça aurait nuit. Ce n'est pas le cas. C'est quelqu'un qui s'exprime bien quand même, pas qu'il est très éloquent, mais en même temps... mais il parle bien de son art, il paraît bien, il y a quelque chose qui va dans le sens où c'est crédible de dire, il a l'image de l'emploi, de l'écorché VIP, de l'artiste. [00:10:14] Speaker A: Puis juste rapidement, je ne pense pas avoir entendu ça dans le documentaire, mais je l'ai appris ailleurs, dans la ligne du temps, c'est que, donc, Marie Trintignant, est hospitalisé. On dira tantôt les grandes lignes temporelles, mais c'est important pour être en lien avec ce que tu dis. Marie Trintignant est finalement hospitalisé. Il va à l'hôpital. Il fait les 100 pas. Éventuellement, la famille Trintignant lui dit, OK, écoute, dégage, en fait. il dégage, il rentre à l'hôtel et là, il appelle son ex-conjoint de sa femme, en fait, qui est encore sa femme, Christine Aradier, au téléphone. Il est désespéré et éventuellement, il tombe au téléphone. C'est qu'il a pris des opioïdes ou des médicaments qu'il avait. Il a fait une apparente tentative de suicide. avant la mort de Marie-Trinitina, dans les premières heures. C'est important parce que ça... Ça va. [00:11:18] Speaker B: Dans le même sens. La dépression profonde, la... Donc passion, pour moi aussi, c'est le mot que je voulais dire. Passion, c'est un mot incroyable. C'est beaucoup utilisé médiatiquement. Parce que dans les faits, c'est quelqu'un qui frappe 17, 19 fois sa conjointe dans la figure violemment. Alors, c'est pas nécessairement évident que le mot que tu viens à coller à ce qui s'est passé, c'est passion. Mais la passion est beaucoup là et ça va dans le sens de l'artiste, d'un amour passionné, etc. Alors, tout ça, dans le temps, a contribué à mettre une espèce de padding autour de ce qu'il avait fait, ce qui fait que... Puis ça a beaucoup d'importance. Moi, je pense que la même chose faite par un dentiste qui n'est pas beau, qui ne sait pas s'exprimer, puis qu'on dit qu'il a fait un crime. [00:12:12] Speaker A: Hargneux... Pourquoi un dentiste? [00:12:13] Speaker B: Je ne sais pas, ça me paraît... Ça me paraît au contraire de l'artiste déchiré. Personne n'aime les dentistes. [00:12:21] Speaker A: Même quand ils ont faim. [00:12:25] Speaker B: Parce qu'il y a quelque chose de... Oui. Oui, oui, ça reste que ça fait mal. Mais tandis que les gens ont un intérêt qui, en même temps, est particulier. à entendre des artistes, des fois d'une façon assez ennuyeuse, parfois, pour moi, mais parler de leur art et de leur processus créatif, mais ça suscite l'admiration. C'est rare, pareil, que tu vois, tu sais, écouter un dentiste pendant 45 minutes parler de comment il remplit des cavités, est-ce que ça t'inspire? Tu sais, ça a quelque chose de... et hargneux, hargneux. Ça aurait été un crime hargneux, ça aurait pas eu la même connotation qu'un crime passionnel. Quand tu le vois, le documentaire le rend bien, il monte des pages des journaux, des journaux un après l'autre, des revues, quand t'as toujours passion, passion, passion. Il faut se rappeler, toi comme moi, on s'est pas tant intéressés à la faire. C'est le cas pour plein de gens aussi. On va dire superficiellement, les mots qui te viennent à l'esprit, c'est passion. C'est un truc passionnant. [00:13:30] Speaker A: C'est ça, il y a une querelle de couple qui a dérapé. [00:13:32] Speaker B: Bref. [00:13:33] Speaker A: Puis c'est l'histoire que ce qu'ils appellent maintenant le clan Canta a vraiment, vraiment poussé aussi pour minimiser la portée des gestes de Canta. Mais le documentaire rend bien quelque chose qui, pour plusieurs raisons, parfaitement justifiable, était relativement masqué. En tout cas, pour des gens comme moi, c'était comme dans des sou... dans des détails d'articles que je n'ai pas lus, comme tu disais. C'est-à-dire, bon, les grands titres, vaguement, j'avais une idée vague. Les détails des faits, sont accablants vraiment. Et ça ne milite pas en faveur de l'idée d'une passion amoureuse ou d'un trop d'amour ou d'un hors de soi ou à deux passionnel. Ça milite en faveur d'autres choses, à mon avis. Je voulais juste les rappeler rapidement. Bertrand Canta était marié avec Christina Raddy. Il avait un enfant avec elle. Elle était enceinte de huit mois et demi quand il l'a laissée à la clinique. Il lui a dit qu'il la laissait pour aller avec Marie Trintignant, qu'il venait de rencontrer depuis peu. Marie Trintignant était mariée à Samuel Benchetri, avec qui elle venait de tourner un film qui mettait en scène François Cluzet, qui était le père d'un de ses enfants, Samuel Benchetri étant le père d'un autre de ses enfants, le plus jeune. Donc, elle l'a quitté pour aller avec Bertrand Cantan. Le jour des faits. Bon, Bertrand Cantant, d'abord, l'accompagne, elle, à Vilnius, en Lituanie, pour tourner, là où elle va tourner avec sa mère, le film Colette. Il est là, sur le plateau de tournage, tous les jours. Là, il y a un technicien de tournage en documentaire qui dit, j'ai jamais vu ça. Le conjoint qui est toujours là, j'ai jamais vu ça. Il est là toujours. [00:15:53] Speaker B: Il y a une photo, il y a un petit extrait où on le voit tenir sa main pendant qu'elle se fait maquiller. Ils sont vraiment très collés, pour le dire comme ça. [00:16:01] Speaker A: Elle porte dans ses bottes, elle cache dans ses bottes son cellulaire pour pouvoir lui répondre parce que même s'il est là, qu'il se voit tous les jours, il lui texte à longueur de journée. Parmi les textes qu'elle reçoit et qui est intercepté par Bertrand Cantor, il y a un texto de Samuel Benchetri qui parle de la publicité de leur film, du film qui vient de tourner, donc John et Janice. Et qui signe par « À bientôt ma petite Janice ». Peut-être « Bisous » ou quelque chose. Mais en tout cas, Quanta voit ça et le prend très mal. Ils ont un conflit au restaurant devant l'équipe de tournage, en tout cas, les gens sont là, on le voit tellement que le chauffard leur dit, OK, ça suffit, vous allez vous calmer, vous allez rentrer chez vous. C'est comme une vraie querelle publique, là. Donc, ils rentrent à l'hôtel et c'est cette nuit-là que Marie Trintignant a reçu les coups qui l'ont tué. Bon, apparemment, la concierge a entendu du bruit ou une voisine de chambre a entendu du bruit autour de minuit, minuit et demi. Ce qu'on sait, c'est qu'à 7 heures le matin, finalement, Vincent Trintignant, le petit frère de Marie, Juste avant, peut-être, parce. [00:17:29] Speaker B: Que je trouve qu'il y a l'événement en tant que tel, c'est-à-dire la dispute, les coups mortels, et après ça, il y a un autre volet qui est ce qui fait, c'est très particulier, on va en parler bientôt, qu'est-ce qui appelle la police ou qu'est-ce qui arrive là, mais juste avant d'aller dans cet autre volet-là qui est quand même très interpellant, on a juste sa version comme de raison. Lui, dans sa version, je veux juste le souligner parce qu'on parlait des faits qui ont peut-être mitigé un peu la peine qu'il y a eu ou que ça fait partie du discours auto. Ce qu'il dit, c'est qu'elle le narguait un peu. C'est-à-dire qu'elle lui répétait, « Ben, va-t'en voir ta femme d'abord. Retourne voir ta femme. Vas-y d'abord, si tu veux retourner voir ta femme. » Elle lui aurait aussi... Elle l'aurait frappé, ce qui aurait fait qu'il y aurait eu un... un bobo. [00:18:15] Speaker A: Sur la bouche, que personne a regardé, dit-il, ironiquement pendant son interrogatoire. [00:18:21] Speaker B: T'as noté ça aussi, hein? Je trouvais que c'était un peu ironique. C'est comme s'il disait, ah ben tant pis pour vous, c'est trop tard pour le vérifier. [00:18:26] Speaker A: Ben c'est sûr que moi, personne va s'occuper de moi, t'sais. [00:18:29] Speaker B: Mais bref, donc c'est ce qu'il disait. Marie Trintignant lui dit le nargue, le frappe et le pousse. Et en réaction à ça... [00:18:41] Speaker A: Il a vu noir. parce que nous, en France, on aime mettre des couleurs. Ha, ha, ha, ha, dit-il en interrogatoire. [00:18:49] Speaker B: Ils sont en... Les deux ont bu, hein, vous voyez, on peut dire. [00:18:53] Speaker A: Apparemment. [00:18:54] Speaker B: Oui. [00:18:54] Speaker A: Oui, apparemment qu'elle avait une haleine d'alcool, oui, quand... [00:18:57] Speaker B: Puis quand elles sont arrivées, ils ont pris de l'alcool, les deux. Le gars qui raconte ça, il dit que quand ils sont retournés à l'hôtel... Parce qu'ils sont retournés chez l'ami, puis après ça, il est allé les conduire chez eux. Bref. [00:19:12] Speaker A: Bon, ça fait que c'était une soirée bien arrosée. [00:19:14] Speaker B: Potentiellement. [00:19:15] Speaker A: Le couple était pompette. Lui, il n'a pas digéré ce qu'on comprend dans l'interrogatoire entre les lignes. On pourra en reparler, mais ce que moi, j'entends entre les lignes, c'est qu'il ne digère pas que Samuel Benchetri lui écrive des mots doux. [00:19:28] Speaker B: Oui. [00:19:29] Speaker A: Et elle ne comprend pas c'est quoi le drame. C'est avec lui qu'elle est, c'est pas avec son ex-mari. [00:19:39] Speaker B: Et lui qui réplique que comparativement à elle, qui semble continuer à avoir des contacts et des mots doux avec ses ex, lui, il a été capable de mettre fin clairement à la relation sans ambiguïté, ce qu'elle semble pas capable de faire. Donc encore là... Et donc c'est injuste. [00:19:52] Speaker A: C'Est pas équitable, c'est pas égal. Peut-être qu'on pourra revenir là-dessus, la question de l'égalité et de la justice dans la tête de certains, qui est un peu tordue. Mais c'est son argument, plus ou moins explicite, durant son interrogatoire. C'est-à-dire que... Je ne suis pas d'accord. Oui, on l'entend le dire et on le voit. [00:20:18] Speaker B: Ce qui est un des points forts du documentaire. [00:20:21] Speaker A: C'est... En fait, c'est aussi... C'est un commentaire peut-être qui est pertinent, une parenthèse. C'est que quand... Jusqu'à ce documentaire-là, quand on entendait parler de Cantha, il y avait des petits morceaux d'entrevue. Mais il se gardait bien, ces gens des médias, de tout diffuser, contrairement à ce qui se fait ailleurs. Parce que ça leur permet d'ajouter leur interprétation, puis d'en garder des morceaux pour plus tard. Dans le documentaire, on ne donne pas tout, mais on en donne des grands bouts de l'interrogatoire et c'est très apprécié parce que là, les gens peuvent se faire leur propre idée. dont moi, dont moi qui écoute ça, puis qui, je veux dire, franchement, ça a complètement changé ma perspective, pour vrai, de voir effectivement en action quelqu'un qui est en train de dire, c'est pas de ma faute, c'est de la sienne, c'est parce qu'elle m'a poussé que j'ai perdu la carte, que j'ai vu noir, puis tout ça ponctué de phrases ironiques complètement inappropriées dans le contexte, espèce de joke. des larmes de crocodile avec aucune larme, aucune morve, aucun rien, du braillage, tu sais, avec des regards en coin à ceux qui le regardent. Puis dans le propos, ce qu'on entend ou ce que je déduis, disons que c'est une déduction, ce que je déduis, c'est... Elle a reçu un texte de Samuel Benchetri. Je ne comprenais pas pourquoi elle maintenait une relation avec cet homme-là, alors que moi, j'avais coupé tous les liens avec Christina, qui était donc sa femme. J'étais pas d'accord, c'était pas équitable. Et à un moment donné, elle est devenue hystérique, complètement hystérique en dehors d'elle, et elle m'a crié, «Vas-y voir ta femme, vas-y voir ta femme.» OK. Est-ce que c'est le moment tout de suite que je dis comment j'imagine la scène avec ces propos-là? [00:22:16] Speaker B: Oui, oui. [00:22:17] Speaker A: Ce que j'imagine, c'est un gars... Tu sais, l'expression en anglais, c'est «to badger someone». «Badgering the witness», tu entends ça des fois en cours. [00:22:25] Speaker B: Oui, tout à fait. [00:22:26] Speaker A: C'est pas harceler... «Badgering», c'est bien dit. Je sais pas comment on pourrait le traduire. [00:22:32] Speaker B: Tu parles, tu le répètes, quand il arrive pour parler, tu l'interromps après deux mots pour rajouter ce que tu veux, tu le laisses pas respirer. C'est ça. [00:22:39] Speaker A: Dis-moi que c'est pas égal. Dis-moi que t'as quelque chose avec lui. Dis-moi. Moi, j'ai laissé Christina. Qu'est-ce que t'as à me dire? Qu'est-ce que t'as à me dire? C'est ça que j'imagine. Puis j'imagine Marie dire, ben, vas-y voir ta femme. C'est... une réaction, un « vas-y voir ta femme » réactif, c'est ce que j'imagine, à tort ou à raison. J'étais pas là, je le sais pas. Mais je déduis ça de ce que j'entends de ce qu'il dit. en lien avec tout le contexte, parce que ça finit qu'il la secoue tellement violemment... En fait, c'est de ça qu'elle est morte, d'un édème cérébral, suite à quelque chose qui s'apparente au syndrome du bébé secoué, d'une femme adulte et un homme quand même beaucoup plus grand qu'elle. C'est dire la violence. Syndrome du bébé secoué, édème cérébral, ses nerfs optiques déchirés. Elle s'effondre probablement par terre et il continue probablement à la rouer de coups, dont quatre en plein visage. diriger direct, en ligne directe, c'est-à-dire en face-à-face, tellement que le chirurgien français a comparé les blessures de Marie-Trintignant à ce qui serait arrivé à quelqu'un qui serait rentré dans un mur à 120 km à l'heure en moto sans casque. C'est dire la violence. Quatre coups au visage, pouvaient chacun individuellement causer la mort, en plus de l'édemme cérébrale. Ils ont compté 17 coups au total répartis sur le corps, en plus de l'yoïde, le petit os du cou, très indicatif d'une strangulation ou quelque chose de cet ordre-là, cassé. Alors, il y a tout ce contexte-là. Quand quelqu'un... Il y a ce contexte-là, lui, il dit, moi, j'ai envoyé deux baffes, puis après c'est quatre baffes, peut-être quatre ou cinq, c'est vrai que c'était quand même violent. [00:24:50] Speaker B: Dans son témoignage au départ, sa description, c'est des baffes, quelques baffes. [00:24:57] Speaker A: C'est vrai que j'ai des bagues, il y a des grosses bagues. [00:25:00] Speaker B: Et qu'il l'a poussée et qu'elle est tombée. [00:25:01] Speaker A: Oui. Puis après, c'est peut-être que j'ai mal visé en la poussant. Mais là, il fait des gestes, les gestes qu'il fait pour mimer sont évolutifs. Et il mime la scène avec des gestes qui ne sont pas les mêmes de fois en fois. Par exemple, les claques sont de plus en plus fortes à mesure qu'il répète. [00:25:22] Speaker B: Et c'est sûr que... c'est à chaque fois qu'on explore, qu'on analyse un crime ou une transgression ou un cas, on le voit souvent, il y a une fuite rapide dans la réaction aux discours, des discours, des discours médiatiques, entre autres, et on oublie ou on escamote... [00:25:46] Speaker A: Les faits. [00:25:47] Speaker B: Ce qui s'est passé, ce qui a été dit. [00:25:49] Speaker A: Oui. [00:25:49] Speaker B: Vraiment. Puis souvent, c'est vrai qu'il y a une force, à revenir à... OK, mais qu'est-ce qui s'est passé à cette heure et dans ce lieu? Et qu'est-ce que la personne en a dit au départ? Puis souvent, c'est même... Puis on en a parlé tellement souvent, mais ça vaut la peine de leur dire. C'est cette information-là qui est difficile à trouver. Ce qui est facile à trouver, c'est le journaliste d'opinion qui répond que c'est pas vrai, telle chose. Mais comme on dit, on parle pas de... Et là, bien, ça fait toute une différence. Je veux dire, c'est une grande différence entre... [00:26:23] Speaker A: J'étais passionnée, puis je lui ai envoyé une claque, puis j'ai été maladroite. [00:26:27] Speaker B: Ou elle a perdu pied en me frappant, mais elle est tombée, c'est une autre chose. [00:26:30] Speaker A: C'est ça, puis on était tous les deux sous, puis j'ai de la peine parce que je l'ai perdue, puis c'était mon grand amour. Tu sais, c'est pas ça du tout. Les faits militent contre ce récit-là, mais il me semble clairement, parce qu'il y a un acharnement dans... Et non seulement ça en fait, c'est qu'on va, on vient où, ce que tu as évoqué tantôt là, sur quoi tu voulais qu'on revienne, c'est que, non seulement ça, mais c'est qu'elle s'effondre par terre, vraisemblablement, C'est après qu'elle se soit effondrée qu'il lui a donné les coups, d'après l'autopsie. Mais bon, c'est en hypothèse. Peu importe, il s'est acharné. Ça a été extrêmement violent. Elle s'effondre par terre. Il la déshabille. Lui essuie le visage. L'amène dans son lit. [00:27:30] Speaker B: Et croit qu'elle dort. [00:27:32] Speaker A: Est prête à en croire qu'elle dort et appelle Samuel Benchetri. [00:27:41] Speaker B: Donc, la personne qui était au centre, qui avait fait le texto, son ex. [00:27:49] Speaker A: Alors, qu'est-ce qu'il lui dit? On ne sait pas, mais ça finit qu'il raccroche et qu'il appelle Vincent, le frère cadet. Il a appelé son avocat aussi pendant la nuit. [00:27:58] Speaker B: C'est malheureux, par contre, c'est une faiblesse du documentaire, mais bon, ils ont deux heures et quart pour le dire, mais qu'est-ce qu'il a dit, Alex, dans le sens que... ça parle différemment de la structure psychique du meurtrier, s'il peut appeler froidement l'ex en disant, bon, écoute, tu sais, où il était-tu? Est-ce qu'il avait perdu tous ses moyens? [00:28:22] Speaker A: Laisse ma blonde tranquille. Ou bien, donc, c'est difficile avec Marie. [00:28:27] Speaker B: Aide-moi à comprendre. Oui. Là-dessus, on n'en sait pas trop sur quel était son état d'esprit après le drame dans la nuit qu'il a fait appeler l'ex qui était en litige, son avocat, le frère le matin qui vient faire un tour. [00:28:45] Speaker A: Avec qui il parle pendant deux heures avant que le frère décide finalement d'aller voir ce qui arrive avec Marie, à qui il fait croire qu'il ne faut pas la déranger parce qu'elle dort. Puis quand le frère voit l'état dans lequel elle est, elle est défigurée déjà. Il dit il faut appeler la police, il faut appeler l'ambulance, il court en bas faire appeler l'ambulance. Mais là on est sept heures après. [00:29:13] Speaker B: Après le drame, c'est fou. [00:29:16] Speaker A: Et c'est le frère. Et là, il y a du stallage, hein, quand ils parlent aux frères. Puis, t'sais, on peut... T'sais, moi, j'imagine, ah, j'ai pas de chance, ta sœur, elle est difficile, blablabla. T'sais, elle est pas aussi parfaite que tout le monde le dit. [00:29:29] Speaker B: Est-ce qu'on le sait, non? Parce qu'on n'a pas... [00:29:32] Speaker A: Elle a des défauts contrairement à ce que tu penses. [00:29:35] Speaker B: C'est pas toujours facile. [00:29:37] Speaker A: C'est pas toujours facile. Et puis j'étais en dehors de moi et elle était hystérique. [00:29:41] Speaker B: Est-ce qu'on sait s'il est venu témoigner au procès, le frère, puis à raconter ce qui s'est passé? [00:29:45] Speaker A: Je pense que non. Je pense que non. Ouais, je me trompe peut-être, en fait, mais il me semble qu'ils n'ont pas témoigné les proches de Marie à ma connaissance. [00:29:58] Speaker B: Parce qu'avec ce qu'on en sait, ce qu'on a vu, toi, t'es pas portée du tout, hein, sur Farrar, tu me disais. à penser que c'est quelque chose de l'ordre d'une, tu sais, d'une dissociation, puis qu'il a comme oublié ce qu'il a fait. Tu sais, une espèce de passage à vide ou... Tu sais, un peu comme Chris Watts, pareil, qui tue sa femme et ses enfants, puis qui, après ça, appelle pour réserver un resto, puis continue sa vie comme si de rien n'était. Tu sais, il y a comme une espèce de... Et donc, en fait, les cas de figure sont différents si on pense que c'est quelqu'un qui a comme disjoncté et qui a, à la limite, qui a même plus accès à ce qui s'est passé parce que ça a été dans une dissociation, disons, ou quelqu'un qui a plutôt accès, mais qui se dit à un moment donné, je vais essayer de m'en tirer, puis qui est plus dans la perversion, disons, que dans la dissociation, tu sais. [00:30:56] Speaker A: Si on était en train d'avoir cette discussion-là, mais qu'on était il y a 20 ans, c'est évident que mon discours serait complètement différent, même avec les faits que je connais maintenant. Mais là, on est 20 ans plus tard, Personnellement, je ne suis pas portée à m'appuyer sur un sentiment d'empathie dans ma lecture de ce que je sais. Puis c'est peut-être ça, la différence, en fait. C'est que tout... Maintenant, j'ai comme... Je suis peut-être un peu plus cynique par rapport à l'idée qu'on peut passer à l'acte aussi violemment puis avec des conséquences aussi dévastatrices et avec un tel acharnement contre quelqu'un qui est juste pas de taille pour se défendre. et expliquer ça par une souffrance intérieure ou... T'sais... Moi, je pense que c'était de la rage. Je pense pas que c'était de la dissociation. Puis que... De se rendre compte que... Bien, je pense, mais c'est une interprétation. [00:32:19] Speaker B: Oui, tout à fait. Non, non, je crois pas. [00:32:20] Speaker A: Puis de se rendre compte que la personne ne répond plus, est effondrée par terre, et que là c'est sérieux parce qu'elle saigne des oreilles, ça a potentiellement entraîné un sentiment de panique. qui a motivé la phrase suivante, mon Dieu, elle pourra pas aller tourner dans cet état-là. C'est ça, le qu'est-ce que les gens vont passer, vont penser, oh man, je peux pas cacher ça, comment je vais faire pour cacher ça? Un mouvement de panique de cet ordre-là. qui l'a paralysé pendant la suite, en plus, il était saoul, mais qui l'a paralysé pendant plusieurs heures à essayer de trouver une façon d'éponger, en fait, l'apparence de culpabilité. D'ailleurs... Un élément supplémentaire de ça, c'est que quand Vincent a décidé d'appeler... Donc, le petit frère a décidé d'appeler l'ambulance quand il a vu l'état de sa soeur, ce que l'autre n'a pas fait, mais qu'il dit, on a décidé d'un commun accord, mais c'est Vincent qui est descendu en courant pour dire à la concierge d'appel, là, tu sais, on est en... On n'a pas tous nécessairement des téléphones cellulaires dans ce temps-là, même si ça fait juste 20 ans. Et il accompagne Vincent avec l'ambulance jusqu'à l'hôpital, et il fait les 100 pas à l'hôpital, puis jusqu'à ce que la famille Trintignant lui dise, c'est bon. Il rentre à l'hôtel, appelle sa femme, En se lamentant, elle dira après qu'elle n'a jamais entendu en détresse comme ça. Mais éventuellement, il s'effondre au téléphone. Et ce qu'on sait après, parce qu'il est retrouvé comateux ou inconscient, mettons, c'est qu'il a essayé de se suicider. Je ne sais pas si on a le droit de dire ça sur un podcast. Je sais que sur YouTube, il y a des mots comme ça qui te font flaguer. En fait, il y a une fine tentative. Mais je peux penser qu'il est désespéré, mais je peux aussi penser que tout d'un coup, ça fait tourner les tables d'un autre côté. Pauvre lui, il est tellement dépressif et tout, et tout. Il ne peut pas être coupable d'une telle méchanceté. [00:34:47] Speaker B: Je veux juste revenir donc brièvement sur son témoignage peu de temps après. Je veux juste souligner, ça m'a frappé aussi, c'est très particulier. Il utilise à quelques reprises, il est ironique. Et c'est un drôle de moment pour être ironique quand même. Tu sais, des fois, on sait bien c'est quoi la fonction de l'ironie, puis il y a des moments où c'est un mécanisme de défense et blablabla. Mais dans ce contexte-là, Puis t'as pas l'impression que, parce que ça pourrait être une justification pour l'ironie, c'est que si tu te fais interroger pendant 14 heures, t'as un moment donné, t'en peux plus de répondre aux mêmes questions, fait que tu finis par être un peu sec ou ironique parce que ça n'en finit plus de pas finir. [00:35:26] Speaker A: Ou t'es vraiment nerveux, puis ça te rend bizarre. [00:35:30] Speaker B: Ouais, mais là t'as pas l'impression que c'est parce qu'il se fait interroger pendant des heures et des heures, puis à un moment donné, on lui pose une question qui est pas, à toute vraisemblance, ça a pas l'air d'être une question qu'on... sur laquelle on insiste, puis il y a comme une moue de dire, bien, regardez, tu sais, je l'ai frappée, puis je me suis tournée, fait que j'ai pas vu où elle est tombée, puis une prochaine fois que ça arrive, je prendrai des meilleures notes. Tu sais, pour comme dire, regardez, il y a deux fois que je vous. [00:35:55] Speaker A: Le dis... Quel genre de question, c'est ça? [00:35:57] Speaker B: Oui, puis j'ai pas regardé, c'est pas complètement compris. [00:35:58] Speaker A: Comment est-ce que je peux savoir? [00:35:59] Speaker B: Oui, puis donc, il y a une manifestation d'ironie et d'exaspération qui est comme vraiment déplacée. [00:36:06] Speaker A: Oui. [00:36:06] Speaker B: À laquelle on s'attendrait pas. Oui, ça surprend. [00:36:12] Speaker A: À laquelle on ne s'attendrait pas à. [00:36:17] Speaker B: Moins. [00:36:21] Speaker A: De penser en termes de... il y a des délinquants et il y a des gens qui ne sont pas délinquants. On ne s'attendrait pas à des réponses comme ça de la part de quelqu'un qui n'a pas de propension à la délinquance, admettons. Je n'aime pas ce mot-là, loosely. [00:36:34] Speaker B: Vous qui croulez sous la culpabilité de ce qui s'est passé. [00:36:38] Speaker A: Absolument, mais c'est ça. [00:36:38] Speaker B: C'est pas le moment d'être exaspéré, de rien. [00:36:41] Speaker A: T'es censé être dévasté de ce qui vient de se passer. Puis ça, on peut comprendre qu'il y a des manifestations différentes du sentiment de dévastation. Mais celle-là en fait pas nécessairement partie. C'est très, très, très incongru. D'autant qu'il y en a au moins trois, des manifestations comme ça. L'humour noir, que tu comprends pas, ça s'adresse à qui et pourquoi. [00:37:05] Speaker B: Mais bon, puis ça, si on avait tout l'interrogatoire au complet, on pourrait l'analyser plus en profondeur, puis comme on dit dans le jargon, voir c'est quoi son... Si on verrait d'autres entrevues, c'est quoi son seuil, c'est quoi sa normalité, puis bon, tout ça. Mais bref, c'est quand même, ça jure. [00:37:22] Speaker A: Juste en passant, tu m'as envoyé une longue entrevue qui date de 2011, 2014, peu après les faits, après sa sortie de prison. [00:37:38] Speaker B: Une dizaine d'années après. [00:37:40] Speaker A: Une dizaine d'années? [00:37:41] Speaker B: Ça s'est passé en 2003. [00:37:44] Speaker A: Ah oui, c'est... OK, c'est l'autre chose en 2010, oui. Oui, oui, c'est ça. Bien, il n'y a pas du tout de manifestation comme ça d'humour déplacé dans cette entrevue-là. C'est très fluide, c'est très contraint et satisfait de lui-même. [00:38:00] Speaker B: Oui, oui. Exact. Bien, en fait, veux-tu parler de la suite? ou rester sur la journée du drame? [00:38:14] Speaker A: Là, on a posé la journée du drame. J'ai dit mes... j'ai dit mes impressions. [00:38:19] Speaker B: Tes remords, tes remords personnels. [00:38:21] Speaker A: Bien, mes remords personnels, mais aussi mes impressions actuelles, qui seraient pas du tout les mêmes si on était en train d'en parler, mais qu'on était 20 ans plus tôt. Puis c'est important, en fait, ou c'est important pour moi, peut-être pas dans l'ensemble des choses, mais je pense que socialement aussi, il y a comme une évolution, qu'on est... on est moins dupe de cette idée-là de la souffrance. C'est-à-dire que, tu sais, je comprends que le monde n'est pas clivé entre les bons et les méchants, comme on pense quand on est petit. Je comprends qu'il y a des nuances. Je comprends qu'il y a des motifs au passage à l'acte. Je comprends que peut-être, peut-être qu'on a un inconscient qui explique pourquoi on se retrouve en relation avec une telle personne plutôt qu'avec une telle autre. Mais là, tout ce qu'on nous a raconté, tout ce qui a flotté autour de cette histoire-là de Bertrand Cantat démontre complètement autre chose. Puis peut-être que là, on est capable de se rendre compte de notre erreur, en tout cas, moi, personnellement. C'est quand, donc, le clan Cantat, puis l'avocat de Cantat, puis les médias ont rapporté une histoire qui est à peu près la suivante. Marie était hystérique. D'ailleurs, on sait que c'est quelqu'un d'instable, puisqu'elle a eu quatre enfants de quatre pères différents. Vois-tu que ça n'a aucun rapport? Parce que les quatre pères sont allés dire, mais Marie n'est pas hystérique du tout. Ce n'est pas ça. C'est quelqu'un qui évitait les conflits, en fait. Sauf que l'histoire a flotté comme ça. Marie est hystérique, et même sa mère est comme... OK, on comprend la douleur d'une mère, mais sa mère Nadine Trintignant, elle est timbrée. T'sais, ça flottait comme ça. Je dis pas que ça a été dit comme ça, mais c'est une femme vengeresse, et puis il faut pas être dans la vengeance, puis il faut croire dans la rédemption, puis il a purgé sa peine. [00:40:19] Speaker B: Puis ça fait pas si longtemps, pour le dire crûment, ça date pas de siècles et de siècles que c'était dans l'air de dire que, pas publiquement, mais que c'était dans l'air de dire que parfois dans un couple, quelques baffes, Puis tu me disais tantôt, je pense, peut-être hors podcast, mais que dans les films français, souvent, quand ils en filent tous, on voit des... [00:40:45] Speaker A: Le nombre d'actrices qui ont reçu des baffes, c'est comme dans les histoires d'amour normal, non? [00:40:50] Speaker B: Oui, oui. Puis ça faisait pas un scandale. [00:40:52] Speaker A: Puis tu cries, puis tu pleures, puis tu pousses ton amoureux, puis il t'envoie des baffes, mais vous vous aimez. [00:40:58] Speaker B: Oui, c'est ça. [00:40:59] Speaker A: C'est comme la normalité. [00:41:01] Speaker B: Oui. C'est vrai que les mentalités changent, mais ça fait pas des siècles de ça. [00:41:10] Speaker A: Mais c'est que ça aussi, c'est que l'idée que « it takes two to tango », c'est aussi l'idée que dans le fond, quelqu'un qui meurt aux mains de quelqu'un d'autre, a une responsabilité dans sa propre mort. Je pense que c'est... dérive beaucoup, même si c'est vrai que les gens ont des dynamiques, puis que peut-être que... T'es comme ça avec quelqu'un, mais que t'es pas comme ça avec quelqu'un d'autre, que le transfert, ça existe, le transfert amoureux. Peu importe. Celui qui pose l'acte est le seul responsable de son acte. C'est ce qui... C'est ce qui doit jamais, jamais, jamais échapper. C'est admettons que Marie Trintignant l'aurait poussée, ce dont je doute, mais en même temps, elle aurait pu le pousser parce que, comme je te dis, la scène imaginée, t'as quelqu'un qui la... Badger, là, qui la... qui appelle discussion une espèce de... pas de joute verbale, mais de... D'écrasement verbal. Écrasement verbal, sans insultes directes, mais violent quand même, qui est... Mais c'est pas juste, mais justifie-toi, mais pourquoi est-ce que moi j'ai laissé... [00:42:34] Speaker B: Puis je t'interromps quand t'essaies de parler. [00:42:35] Speaker A: Qui la pousse à bout. D'ailleurs, j'ai appris aujourd'hui que depuis cet événement, pas cet événement-là, depuis celui dont on va parler juste tout à l'heure, il y a une loi en France qui rend criminel non seulement le fait d'inciter au suicide, directement, mais je me souviens pas de la formulation exacte, mais de provoquer indirectement le suicide dans le cadre d'une relation conjugale. T'imagines un truc comme quelqu'un qui insulte quelqu'un ou quelqu'un qui prive quelqu'un de ses moyens de se libérer, quelqu'un qui isole quelqu'un et qui que ce quelqu'un-là finit par s'enlever la vie, peut être accusé, c'est pas d'avoir poussé au suicide, c'est pas l'expression, mais oui, criminellement responsable. [00:43:37] Speaker B: Ça rend fou. [00:43:40] Speaker A: Avoue, avoue, avoue que t'aimes encore Samuel. C'est la scène que j'ai imaginée. Je l'ai imaginée, mais c'est informé. C'est pas sorti de nulle part. Ça existe des scènes comme ça, réelles, qui rendent fous et qui sont violentes sans insultes directes. [00:43:58] Speaker B: Ça existe aussi des clans qui se mettent autour de quelqu'un pour le protéger et le défendre. Ça existe. Et dans ce cas-là, je sais ce que je sais après avoir écouté le documentaire puis vu quelques trucs périphériques, mais il semble avoir un clan qui s'est formé autour de lui, mais qui va peut-être au-delà, c'est une hypothèse, de ses proches, qui, comme de raison, on comprend. Les proches, à un moment donné... Mais est-ce que c'est possible aussi, à un moment donné, qu'il y ait eu des intérêts financiers, c'est-à-dire des gens qui se sont dit, ça serait quand même mieux, toute chose étant égale, par ailleurs, qu'ils ne fassent pas trop de prison, parce qu'il y a comme une manne d'argent à faire avec le retour de Noir Désir, et pourquoi on ne pourrait pas un peu influencer le discours autour de la passion, de l'artiste, blablabla, parce que quand il va sortir, on va faire la passe. Tu sais, je ne veux pas être trop cynique, mais en même temps, Je veux dire, c'est pas non plus un truc impensable. À un moment donné, tu penses aux gens qui sont la maison de disques. [00:45:04] Speaker A: Universelle. Une grosse maison de disques, oui. [00:45:08] Speaker B: J'accuse pas aucune... Tu sais, tu comprends. Mais c'est pas impensable de penser qu'il y a du monde qui se sont dit, bon, mais maintenant, ça fait cinq ans, leur retour, il pourrait avoir lieu dans deux ans ou dans huit ans, ça serait mieux dans deux ans. Ça se peut. Ça a peut-être contribué parce que, à un moment donné, ça se tient. Il y a tout un milieu artistique qui se tient aussi. [00:45:26] Speaker A: Ce que le documentaire nous apprend, c'est que ce qui a énormément joué, c'est le témoignage de sa femme, mère de ses deux enfants, Christina Raddy. En fait, ça a tout changé. Elle, elle est venue d'abord pour soutenir l'homme qui l'a laissé en pleine clinique alors qu'elle était sur le bord d'accoucher, puis qui l'a laissé accoucher toute seule. Elle est venue, non seulement venue le soutenir dans son heure de grande détresse, Mais son témoignage l'a exonéré parce que ce qu'elle a dit à la barre, c'est qu'elle n'aurait jamais pu vivre avec un cogneur et qu'il n'a jamais levé la main sur elle. [00:46:18] Speaker B: Oui, son témoignage a été complètement central. Puis on peut le dire, au cas où les gens ne le sauraient pas, Donc, ça n'a pas fait en sorte qu'il n'ait pas été condamné. Il a été condamné à huit ans de prison. Donc, il a été reconnu coupable. Mais l'hypothèse, c'est que le témoignage de sa première femme est venu faire en sorte que la peine était moindre que ce qu'elle aurait pu être. Donc, c'est ce qui a fait que l'avocat des Trintignant leur a dit « Ça ne vaut probablement pas la peine d'aller en appel. Le résultat risque de ne pas être sensiblement différent. » Donc, huit ans de prison. Au lieu d'un 15 potentiel. Et après ça, la suite, c'est qu'il est sorti au bout de 4 ans pour Bonne Couture. [00:47:39] Speaker A: Pendant le procès, l'avocat de la famille Trintignant a fait la poursuite, a fait venir Christina Raddy, qui était la femme de Bertrand Canta. dans l'espoir de lui faire dire qu'il l'avait frappé, ce qu'il semble qu'elle a confié à un maquilleur avant... durant la période du procès ou avant, en tout cas. Lui, il était assez convaincu qu'elle lui dirait oui, t'sais, mais pas du tout. Fait qu'en fait, il faut se mettre dans la peau d'une mère de deux jeunes enfants qui est appelée à témoigner dans un procès contre leur père. Moi, ça me touche beaucoup, ce personnage-là m'émeut beaucoup, parce que je trouve qu'elle révèle, entre autres, la fragilité qu'on développe quand on est une femme et qu'on devient mère, la vulnérabilité quand on devient mère, parce que là, l'importance des enfants C'est comme tout est potentiellement sacrifié pour les enfants, ce qui rend vulnérable d'un certain point de vue. En tout cas, tout le monde dit que Christina Raddy est allée témoigner en faveur du père de ses enfants. [00:49:12] Speaker B: C'est ça, c'est toujours la ligne qui est dite. [00:49:15] Speaker A: Elle est allée témoigner en faveur de Bertrand, elle est allée témoigner en faveur du père de ses enfants. C'est comme ça compte. [00:49:23] Speaker B: Ce qui ne va pas de soi nécessairement quand même. Je veux dire, moi, je le conçois, dit comme ça, je le conçois, une mère qui veut protéger ses enfants, mais, tu sais, ça existe, j'en connais, des couples qui divorcent et des femmes qui décident, qui sont très fâchées après leur ex, qui sont aussi le père de leurs enfants, mais c'est pas grave. [00:49:45] Speaker A: Puis c'est de même. [00:49:47] Speaker B: Là, pour toutes sortes de raisons que j'ignore, c'est vrai qu'en fait, vraisemblablement, elle a décidé tout de suite, elle est venue prendre son parti et elle faisait partie des alliés non équivoques. [00:50:01] Speaker A: Oui, non seulement ça, mais c'est que le documentaire raconte que les alliés se sont ralliés à elle, c'est-à-dire qu'elle était plus ou moins en position de leadership. C'est parce qu'elle était présente et fortement pour défendre Bertrand Cantat, que les autres se sont sentis appelés à soutenir son point de vue. C'était soutenir lui, c'était aussi la soutenir elle. [00:50:31] Speaker B: Oui, oui, oui. Son importance est indéniable. [00:50:34] Speaker A: Tellement que, là, il faisait face à une peine d'incarcération de 15 ans. Il en a eu 8 seulement. Et puis, il a pu être déplacé par la suite en France, libéré pour bonne conduite après 4 ans. Donc, il a fait 4 ans de prison. Et là, il s'est rendu chez Christina Raddy, qui l'a comme pris en charge dans un contexte d'opprobation. [00:51:01] Speaker B: C'est ça. Tout de suite. Il est sorti de prison, puis il est allé vivre avec elle. [00:51:04] Speaker A: Oui. Il n'est pas resté là tout le temps. [00:51:07] Speaker B: Non, non, mais... [00:51:08] Speaker A: Mais quand elle a rencontré quelqu'un, elle est comme tombée amoureuse. Il vivait comme... Finalement, il est allé vivre ailleurs, à Bordeaux. Quand elle a rencontré quelqu'un, là, il a commencé à la harceler puis à la suivre, puis c'est devenu l'enfer. Puis là, il est revenu vivre avec elle après. En tout cas, c'est ce qu'on nous raconte. [00:51:26] Speaker B: Je veux juste, avant de poursuivre, revenir parce qu'on est passé rapidement sur le truc de bonne conduite, là. Je ne sais pas. Je sais quels sont les critères qu'il utilise quand il vérifie si un prisonnier a été exemplaire. C'est le mot qu'il utilise par rapport à lui. autant la passion est avalée au crime. Là, son séjour en prison, le mot exemplaire vient toujours se poser. Mais c'est toujours curieux parce que des fois, c'est ça, il y a des mots qui sont utilisés pour raconter une histoire puis l'inscrire comme quelque chose qui est... que c'est ce que c'est. Puis donc, une des choses qu'on raconte, puis on entend souvent ça, c'est que... Tu me permets, hein? C'est pas très important, mais... C'est pas important, mais tu sais, ça fait partie encore là de... À chaque fois que quelque chose est énoncé comme allant de soi, de se demander, mais qui dit que ça va de soi? De qui ça vient? Ça va-tu vraiment de soi? Parce que des fois, sinon, il y a plein de pluies supposées comme ça, que tu dises, OK, bien, il a été exemplaire. Parfait, next. Puis là, tu dis, OK, il a été exemplaire. Comment il a été exemplaire? Puis une des choses qu'on dit, puis c'est toujours en passant, c'est... il a enseigné la guitare à tous ceux qui voulaient l'apprendre. [00:52:47] Speaker A: Oui. [00:52:48] Speaker B: Bon, moi j'ai des questions là-dessus. [00:52:50] Speaker A: Juste Bertrand Cantat. Salut les gars, c'est moi Bertrand Cantat. [00:52:53] Speaker B: Moi j'ai des... Il y en avait combien de guitares? [00:52:56] Speaker A: Vous voulez que je vous enseigne la guitare? [00:52:57] Speaker B: Oui. [00:52:58] Speaker A: Il y avait une guitare en prison. [00:52:59] Speaker B: Il y en avait combien? [00:53:00] Speaker A: Oui. [00:53:01] Speaker B: Puis combien de monde? Puis ça m'est déjà arrivé... Ce cas-là, je le connais peu, mais ça m'est déjà arrivé de fouiller des cas où on disait que le prisonnier avait été exemplaire, puis avait appris le japonais à tous ceux qui voulaient apprendre le japonais. Puis finalement, c'était comme un gars, à un moment donné, qui avait dit « Hey, comment on dit une vulgarité en japonais? » Puis il avait répondu, là, tu sais. C'est... C'est des histoires d'avocats, à un moment donné, où tu te dis comment on bâtit un dossier, bien tu te dis comment il s'est comporté, ah oui, on peut-tu dire que tu as appris quelque chose à quelqu'un de ce que tu connaissais? Ouais, ouais, ouais, j'ai eu une discussion avec un d'elle et un tel dans un café. Mais dans les faits, dans ce cas-là, je ne sais pas, mais un cas de figure, ça serait que deux matins par semaine, de 10h à midi, il s'installait avec sa guitare, puis, patiemment, il montrait aux gens c'est quoi le bon doigté. Puis là, les gens faisaient des erreurs, puis ils disaient, attends, attends, Jules, monte ton coude. Puis il était très patient. Puis quand il en est sorti, t'avais des musiciens. Toi, il aurait pu faire un show, tu sais. Ça, c'est un extrême. Puis l'autre extrême, c'est qu'à un moment donné, il a gratté de quoi devant quelqu'un en lui disant, regarde, c'est ça le truc, puis que l'autre s'en foutait, tu sais. [00:54:12] Speaker A: Ou l'autre extrême, ça peut être quand même plus extrême, excuse-moi d'être encore plus cynique, c'est lui qui dit à quelqu'un, j'ai enseigné la guitare à du monde, sans rien pour l'appuyer, puis le mot s'est passé comme ça. Puis que, en fait, c'est une histoire qui s'est inventée dans sa tête. [00:54:31] Speaker B: Oui, puis tu sais, on pourrait penser... [00:54:33] Speaker A: Je dis pas que c'est ça qui est arrivé, mais... C'est un code figure possible. [00:54:37] Speaker B: Puis on peut penser que, tu sais, quand les gens font... les gens sérieux et importants remettent en question si un prisonnier est exemplaire ou non, tu sais, l'investigation est poussée, mais parfois, on peut en douter, là, puis... [00:54:51] Speaker A: Le juge d'application des peines apparaît dans le documentaire, si je me souviens bien. En tout cas, il a donné plusieurs entrevues. Il a des regrets. Il a des regrets. [00:55:04] Speaker B: Ça, c'est une faiblesse du documentaire, mais encore là, ils ont eu le temps qu'il y avait. On voit aussi, parce qu'on a raison, quand quelqu'un est libéré, souvent, ils font des évaluations psychologiques ou psychiatriques. Il y a une psychologue qui passe cinq secondes. Tu t'en rappelles? [00:55:21] Speaker A: Non. [00:55:22] Speaker B: Dans le documentaire, on voit la psychologue qui lui a fait l'évaluation. Puis elle dit... elle dit une phrase. Elle dit, il m'est semblé... ça ne m'a pas semblé quelqu'un de violent ou quelque chose. Ça fait qu'on ne lit pas le rapport, on ne sait pas les tests utilisés, on ne sait rien du tout. Mais selon toi, de vraisemblance, c'est vrai qu'il y a une capacité certaine à être convaincant et persuasif. [00:55:47] Speaker A: C'est un charmeur. [00:55:48] Speaker B: Oui, acharmé. [00:55:50] Speaker A: Fait que tu deviens Noir Désir pas seulement parce que t'écris des bonnes tounes. Tu deviens Noir Désir parce que t'es capable de convaincre qu'on te diffuse. T'sais, y'a plein de bons artistes... qui finissent serveurs ou peu importe ou changent d'orientation parce qu'ils n'ont pas ce côté-là PR. [00:56:11] Speaker B: Tout à fait. Ils ont le talent, mais ils n'ont pas la drive ou la capacité de se mettre en vedette. [00:56:17] Speaker A: C'est ça. [00:56:18] Speaker B: De se croire aussi. [00:56:19] Speaker A: C'est ça. Puis d'avoir besoin d'être vu parce que bon, on va y venir. [00:56:24] Speaker B: Oui, on va y arriver à ça. [00:56:28] Speaker A: Mais avant, c'est qu'on parle de... de Cristina Raddy. Pas par hasard. C'est que, donc, après quatre ans d'incarcération, il est libéré pour bonne conduite, même si par la suite, le juge d'application des peines qui a pris cette décision-là a exprimé des regrets. Il se retrouve dans l'environnement de Cristina Raddy. Ce qu'on sait, ou ce qu'on savait, c'est qu'à un moment donné, Christina Raddy est trouvée... Je ne sais pas si on a le droit de le dire sur les applications de base, mais en tout cas, elle s'est donnée la mort. Et elle est trouvée par son fils de 12 ans. Alors que Bertrand Canta est en train de dormir à l'étage en dessous. Donc, elle s'est donnée la mort. Il n'y a pas d'enquête. On est à Bordeaux, là. [00:57:30] Speaker B: Il y a une petite enquête, 48 heures. [00:57:33] Speaker A: C'est ça, classé sans suite. Il y a une lettre, apparemment plus ou moins cohérente. J'aimerais ça qu'on nous dise le contenu total de la lettre. J'aimerais ça qu'on nous donne le contenu complet des entrevues. J'aimerais ça qu'on ait accès au contenu brut, au complet, sans les commentaires des uns et des autres, pour se faire notre propre idée. Puis après, écouter les commentaires des uns et des autres. Parce que, bon... Mais donc, ce qu'on entend, c'est que c'est plus ou moins cohérent. Est-ce que c'est accablant contre Bertrand Canton ou pas? [00:58:06] Speaker B: Il y aurait une phrase contre lui. [00:58:08] Speaker A: C'est ça. [00:58:08] Speaker B: Une phrase où elle dirait... [00:58:09] Speaker A: Contre lui et contre d'autres aussi. [00:58:11] Speaker B: Oui, mais donc contre lui ou... Mais tu sais, c'est quelque chose... elle dit, je paraphrase, en plus, il y a les clis et les accusations constantes de Bertrand et... Qui sait tout, qui. [00:58:21] Speaker A: A toujours raison, quelque chose comme ça. [00:58:23] Speaker B: Oui, puis qui pense être le seul dépositaire de la souffrance. [00:58:25] Speaker A: Exactement, exactement. Moi, je trouve cette phrase, il faudrait l'épingler. Le seul, le seul dépositaire de la souffrance, ça parle... puis de ses larmes de crocodile, puis de comment Marie, elle m'a poussée, puis c'est à cause d'elle que j'ai fait... Regarde ce qu'elle m'a fait faire. Je suis un écorché vif, moi. Regardez-moi prendre mes pilules. Allô, allô, je suis en train de mourir. Il y a un pattern qui se dessine qui donne de la crédibilité à cette phrase-là. [00:58:59] Speaker B: Mais donc, par contre, qu'ils l'accusent pas. C'est-à-dire? [00:59:03] Speaker A: Parce qu'elle accuse d'autres personnes. [00:59:06] Speaker B: Oui, c'est ça. Mais bon, par contre, d'autres choses sont révélées. Là, j'oublie. [00:59:11] Speaker A: Par la suite. [00:59:12] Speaker B: Par la suite. Mais plusieurs années plus tard ou... Parce qu'il y a de quoi de dévastateur ce qui est en fait un appel téléphonique qu'on entend de son ex-femme, Christina... Radhi. Radhi, à ses parents. à ses parents, à elle, où là, elle dit, peu de temps après son décès, il est fou, je m'en sortirai pas vivante, et donc un truc accablant. [00:59:38] Speaker A: Oui, c'est un enregistrement sur un répondeur, une machine répondeur téléphonique, qui est sorti après l'enquête. En fait, ça a pris du temps avant que cette preuve-là apparaisse. C'est un enregistrement qui dure sept minutes, où elle parle de Bertrand, de comment Bertrand est fou, de comment Bertrand, en famille, menace de mourir. [01:00:17] Speaker B: Une espèce d'emprise qu'il a mise en place avec le même déclencheur de ce qu'ils nous disent que lors du premier épisode avec Marie Trintignant, à savoir l'arrivée d'un homme dans le portrait qui est le nouvel amoureux de son ex, qui ne le supporte pas. [01:00:32] Speaker A: Oui. Et ce que lui raconte, parce qu'il témoigne, c'est qu'il y a du harcèlement, en fait. Il les suit. Il va loin, là, le Bertrand Cantat, là. Il est possessif, le Bertrand Cantat, là. Je pense... En tout cas... Puis il lui rend à elle la vie impossible au point où elle dit sur ce répondeur-là qu'elle ne voit pas comment elle peut s'en sortir. Elle ne pense pas qu'il va y avoir une solution à ça. Puis ça, c'est un message qu'elle a laissé sur le répondeur téléphonique de ses parents qui étaient en voyage à ce moment-là, six mois avant se donner la mort. Et là, il y a la chanceuse Léo. Juste le dire. Juste la mentionner, elle. Je la connaissais ni d'Eve ni d'Adam et j'ai été prise d'affection tout de suite. Pour ce personnage-là, je suis allée voir qui elle était, qu'est-ce qui est arrivé. C'est une femme qui me touche énormément. La chanteuse Léo témoigne dans ce documentaire-là, mais c'était pas la première fois. Elle, elle a énoncé publiquement des années plus tôt qu'elle avait été victime de violence. Bon, on l'a pris un peu à la légère. beaucoup à la légère. Et éventuellement, elle est invitée régulièrement. Tout le monde en parle, entre autres, avec... [01:02:00] Speaker B: Comment est-ce qu'il s'appelle? M. Hardisson. [01:02:02] Speaker A: M. Hardisson. Elle est invitée régulièrement. Ils se tutoient, ils sont bien copains. Bon. Et elle est invitée... Une fois où Monique Serre, qui vient d'écrire un livre sur l'affaire Canta, mais tu sais, quelque chose avec l'amour, passion et de machin. Elle est invitée à cette émission-là et elle interrompt Monique Serre pour s'exprimer, je veux dire, avec passion. [01:02:31] Speaker B: Ben oui. C'était son amie. [01:02:32] Speaker A: Elle a été une amie de Marie Trintignant. Sur comment non, c'est pas vrai. Elle n'est pas morte d'amour, Marie Trintignant. Il faut le voir. Je vais le mettre en lien, mais il faut le voir. Elle s'emporte. C'est pas vrai. Marie, elle est morte. Puis c'est là qu'elle révèle aussi que les blessures qu'elle avait, c'est comme, tu sais, des blessures équivalentes à un accident eu à 120 à l'heure en moto. [01:03:00] Speaker B: Puis c'est là que, tu sais, des fois, on écoute des gens, toi et moi, puis ça fait partie de qui on est. dans un contexte comme ça, où on analyse puis on remet en question leur sincérité, on remet en question à qui ils parlent, qu'est-ce qu'ils veulent, est-ce qu'ils font partie d'un clan, blablabla. C'est vrai que là, moi, avec ce que je vois, je la trouve complètement sincère. C'est-à-dire, tu vois même, c'est une sincérité qui fait un peu pitié dans un sens, parce qu'il y a comme le désespoir étant mêlé à ça, hein. Puis elle a une phrase très forte, là, je la parlais à la phrase, mais à un moment donné, elle a dit, parce qu'elle aussi, elle a été violentée, tout ça, puis elle a dit... Juste pour être très clair, elle a dit, moi, c'est pas la personne qui m'a violentée pour qui j'en veux. Je lui en veux pas nécessairement à lui. C'est-à-dire, c'est pas lui qui hante mes pensées. Elle dit, lui, c'est un bouffon. C'est le traitement des gens qui ont su cette affaire-là. C'est quand on rit de moi quand je vais à la police en parler. C'est ça, le drame. Après ça, lui, c'est un idiot. C'est pas ça. Puis c'est un peu ça qu'elle lit toujours, en même temps. C'est une espèce de désespoir de dire, mais vous rendez-vous compte? Et d'être toujours reçu un peu comme. [01:04:08] Speaker A: Ah bon... Ah, c'est Léo. [01:04:10] Speaker B: Oui, c'est Léo, puis c'est des artistes, puis... [01:04:14] Speaker A: Mais sauf qu'après, cette fois-là, parce que là, c'est Monique Serre qui, elle, est un autre genre de zigoto, là. Vraiment un autre genre, là. J'en dirai pas plus. N'insiste pas. [01:04:27] Speaker B: Oui, j'insiste pas. Je te ferai pas parler. Fais-moi pas parler, ce qui est très drôle. [01:04:34] Speaker A: Après cette émission-là, ça a été fini pour Léo. Sa carrière a été finie. Fait que, vois-tu, c'est comme un peu le... la même chose qu'avec Matinèfe, hein, Matinèfe puis Denise Bombardier. Denise Bombardier qui est bien contente probablement depuis l'au-delà d'avoir fait carrière au Québec plutôt qu'en France, même si elle a bien réussi en France. C'est que tu t'en vas publiquement dénoncer quelque chose qui peut sembler évident quand on est à l'extérieur, mais qui est complètement inacceptable quand on est à l'intérieur de certains cercles. Donc, dénoncer Matinève chez Bernard Pivot ou aller dénoncer Cantat chez Thierry Ardisson, surtout quand Monique Serre vient d'écrire un livre qui parle de passion et d'amour et de machin et de machin, en référence à Cantat. dont on oublie qu'il a assassiné sa conjointe. C'est ça qui est capoté. C'est comment ça devient... les faits deviennent d'une abstraction, puis qu'on peut s'en accommoder sans problème. [01:05:41] Speaker B: On peut qu'on mette des mots par-dessus. Je le dis tout le temps, mais... [01:05:45] Speaker A: Mais ça reprend ce que tu disais au début exactement. C'est ça, je suis d'accord. [01:05:49] Speaker B: Mais puis je dis toujours, moi aussi, c'est ce qui se passe. Ce sont des mots. À un moment donné, il y a tellement de mots que les faits s'effacent. Mais il faudra en parler un jour, parce que c'est quand même particulier. Bien, pas particulier, mais... Tu sais, tout le monde en parle français, fait partie du discours courant, du discours ambiant. Il y a toute une culture qui est là. Il y a quand même des... Tu sais, ça débat, mais ça débat à l'intérieur d'un certain paramètre, quand même. Puis dans le même... Je pense pas que c'est hors d'ordre. J'ai vu une entrevue récente avec Laurent Baffie... qui était le fou du roi, si on veut, le sidekick, le gars qui faisait des vannes à côté, quelqu'un d'autre, par ailleurs. Mais comme de raison, le temps a changé. Est-ce qu'il dit ça parce que maintenant, c'est de bon ton de le dire, je le connais pas, mais quand même. Lui, il s'excusait de plusieurs choses, de plusieurs... En fait, rétrospectivement, il s'excusait et il regrettait même certaines des choses qui ont été dites dans cette émission-là envers des femmes. Puis il dit, entre autres, je m'en rappelle, On savait qu'on avait parfois comme invité, et c'est une citation, des proies faciles qu'on allait pouvoir mettre en boîte, c'est-à-dire des jeunes chanteuses ou des jeunes actrices. Tu sais que t'arrives, t'as 27 ans, puis... T'as des questions, une après l'autre, à caractère sexuel, puis tu les mets en mode un peu, puis t'as Laurent Baffi qui te... avec trois, quatre blagues à double sens, puis là, la personne est comme déconcertée, puis elle a l'air... C'est ce qu'elle a l'air, t'sais. Fait que bref... Mais c'était un peu la signature du show, jusqu'à un certain point, t'sais. [01:07:32] Speaker A: La cour d'école. [01:07:34] Speaker B: Mais aussi qui va dans le sens, c'est pour ça que j'en parle, tu sais, d'un certain positionnement des femmes, qui va dans le sens à un moment donné de dire, bien, on peut en rire, on peut les mettre en boîte, on peut... [01:07:49] Speaker A: Fait que dans ce sens-là, Léo, moi personnellement, c'est une découverte. Je sais pas ce qu'elle a chanté, j'ai aucune idée, mais comme personne, comme être humain, avec toute cette histoire-là, toutes les recherches autour de Quanta, l'affaire Quanta et le décès de Marie-Trinitina. Pour moi, c'est une découverte de quelqu'un de profondément sincère et éthique, puis qu'elle a jamais arrêté, elle, de juste dire la vérité, puis qu'elle en a payé le prix fort en termes de carrière. Ça fait qu'elle s'en va chez Thierry Ardisson. Plusieurs fois, Thierry Ardisson essaie de rire d'elle. Elle est capable de donner la répartie. Mais cette fois-là, devant cette écrivaine... prétentieuse, si t'insistes, là... Je l'aurais pas... Je l'aurais pas dit si t'avais pas insisté, là. qu'elle va dire ce qui est dans... ce qui est la vérité, puis ce qui est dans le fond d'elle, peu importe ce que ça va lui coûter, et ça lui a coûté cher. C'est que sa carrière, après, on ne l'invitait plus. C'est que ça a été fini pour elle par la suite. Ça, bon, on pourra peut-être parler de Mwajidin Mouawad un petit peu plus tard, mais ça, c'est l'éthique. C'est ça, l'éthique. si tu veux, mon oeuvre, ma vie. Ce que je vois et ce que je sais, je vais le dire, peu importe où, peu importe à qui, la vérité, c'est la vérité. Elle ne change pas en fonction des gens que je vois. [01:09:19] Speaker B: Et je suis prêt à en payer le prix. [01:09:20] Speaker A: Exactement. Elle ne change pas en fonction de mes intérêts. La vérité, c'est la vérité. Puis cette femme-là, elle est morte sous les coups de quelqu'un, et c'est ça, la vérité. On va arrêter de me parler d'amour, c'est pas vrai. [01:09:33] Speaker B: Oui, oui. [01:09:34] Speaker A: Puis ça lui a coûté, et c'est ça. Et puis elle est pas du tout amère. En plus, dans le documentaire, c'est comme t'es des années plus tard, puis c'est pas de l'amertume, c'est simplement je continue de dire la vérité. [01:09:47] Speaker B: Ouais, non, c'est ça. Non, non, t'as raison. Mais c'est une autre force du documentaire, malgré que je ne l'ai pas aimé à plusieurs égards, une des forces du documentaire, par ailleurs, une vraie force, c'est qu'on voit des entrevues avec certaines personnes, dont des femmes, qui expliquent comment leur perception, comme tu l'expliques aussi, a changé avec le temps. C'est pas juste un documentaire qui dit, nous, on a toujours su la vérité, mais il y avait des gens pas fins, puis là, enfin, on peut le dire. Il y a des femmes qui disent, non, mais quand ça s'est passé, un peu comme tu le soulignes, quand ça s'est passé, moi, Je m'en suis pas trop occupé, mais j'ai accepté ce qu'on m'a dit. Puis c'est avec le temps que j'ai mieux compris. Dans ce sens-là, c'est un documentaire qui est nuancé. [01:10:24] Speaker A: Avec le temps et l'expérience. C'est-à-dire, t'sais, il y a comme une espèce de truc autour des questions de violence conjugale et tout ça, une espèce de représentation, là, que... C'est des pauvres femmes qui savent pas se défendre. Tu comprends? Tu veux pas être associée à ça quand t'es une femme qui se respecte. Tu sais, il y a comme... qui évolue quand tu te retrouves journaliste, une journaliste qui dit, bien, moi, j'ai rencontré quelqu'un. Après avoir couvert cette histoire-là, j'ai rencontré quelqu'un. Puis finalement, c'est comme... Là, je paraphrase. J'ai fini par le comprendre avec mes tripes ce que ça pouvait vouloir dire. Puis Léo, c'est un peu la même chose. C'est dire, bien, moi, je sais ce que c'est, puis je la crois 100 %. Marie, même si elle parle pas, mais la mère de Marie, Nadine Trintignant, c'est... Ça arrive, un pervers narcissique, c'est de là que ça vient, la popularité, t'sais, on peut s'en moquer maintenant, là, de... Tout le monde traite tout le monde de pervers narcissique, puis ça... Sauf qu'avant que tout le monde traite tout le monde de pervers narcissique, personne ne traitait personne de pervers narcissique, t'sais. [01:11:36] Speaker B: Oui, oui, tout à fait. Mais donc, Je sais pas si c'est un bon temps pour toi d'en parler, mais il a fait la prison, il a fait quatre ans. Il en est sorti, il a payé sa dette à la société, c'est-à-dire qu'il peut avoir eu... C'est peut-être pas de sa faute aussi. À la limite, parfois, ça arrive. ce qu'on lui reproche, c'est peut-être même des fois, c'est pas tant lui qui le dit que certains médias qui ont pris la balle au bon, qui ont créé un discours autour de ça, qui a peut-être encouragé, mais on sait pas jusqu'à quel point. [01:12:09] Speaker A: Mais et son avocat aussi, qui a amplement contribué au discours courant. [01:12:12] Speaker B: Non, oui, tout à fait. Je dis pas qu'il était exclu du discours, mais... [01:12:15] Speaker A: C'est son avocat qui est sorti puis qui est allé dire de Marie-Trinitinian, il était hystérique. [01:12:19] Speaker B: Oui, oui, oui. Non, non, tout à fait. [01:12:20] Speaker A: Tout de suite en partant, puis les Trinitinians parlaient pas pendant ce temps-là, fait que ça a pris toute la place. [01:12:26] Speaker B: Mais t'admettras avec moi des fois que le discours ambiant l'emporte sur la personne à l'origine du truc. Ça se peut des fois que lui il disait, disons, ça se peut qu'à la... Une fois sorti de prison, il a dit j'aimerais mieux qu'on n'en parle plus, puis les gens en parlaient toujours dans son sens à lui. Puis il pourrait dire ben ça m'aide pas à la limite, arrêtez de dire que... Arrêtez d'en parler, mais les gens en parlent. Bref. Il sort. Il revient donc avec son ex en partie. Sa femme s'enlève la vie. L'enquête est vite faite, il n'est pas responsable, il n'est pas emprisonné, rien, il continue de faire sa vie. [01:13:01] Speaker A: C'est ça, il continue de faire sa vie quand même. En tout cas, excuse-moi. [01:13:07] Speaker B: Mais donc, quelqu'un pourrait dire, il a payé sa dette, enfin certains l'ont dit, il a payé sa dette à la société, on peut s'objecter à à cette dette-là. On aurait pensé qu'elle aurait dû être plus élevée. Mais c'est un peu la position de Wajih Mouawad, en fait. Il dit essentiellement... Est-ce que je vais me substituer, moi, à la justice? Justice a été rendue. Bon, c'est peut-être pas exactement la bonne justice. Peut-être que ça aurait dû être 7 ans, 9 ans, 10 ans, 4 ans, 5 ans. Je ne dis pas qu'il a dit ça, mais c'est essentiellement... Il dit que la justice a été rendue, il est libéré, il a payé sa dette. Est-ce que... C'est quoi la position de quelqu'un qui dit, moi, je pense qu'il y a une autre dette qu'on devrait lui rajouter parce que celle qu'il a payée n'est pas suffisante? De quelle position une personne dit ça? Ce qui est, d'une façon générale, une bonne question. [01:14:04] Speaker A: Oui, abstraitement parlant. [01:14:06] Speaker B: Oui. [01:14:07] Speaker A: Conceptuellement parlant. [01:14:08] Speaker B: Conceptuellement parlant. Oui, mais non, mais tout à fait. [01:14:11] Speaker A: Enculage de mouche parlant. [01:14:13] Speaker B: Non, non, quand même. Faut-il dire ça? [01:14:15] Speaker A: Bien, c'est parce que... Pourquoi? C'est que premièrement, puis ça, je te dis ça, donc le contexte du commentaire de Wajdi Mouawad, c'est quand il a invité en 2011, c'est en 2011, donc après la mort de Marie Trintignant, sa libération, et la mort de son autre conjointe, la mère de ses jeunes enfants. Il a invité Bertrand Cantat à jouer dans le chœur d'une grande pièce, d'une grande trilogie qu'il avait montée, Wajdi Mouawad, à Montréal pour le TNM. qui incluait Antigone, si on pourrait... Je sais pas si on aurait le temps, mais j'en aurais long à dire. En tout cas, trois tragédies de Suffolk. Et donc, Quentin jouait dans le quart, puis il y a eu tout un tollé à Montréal sur... Tu sais, le what the fuck, comment... Tu sais, ça a été scandaleux au point où, finalement, Quentin est jamais venu. Ça, je m'en souviens, parce que j'aimais beaucoup, je disais, moi, WAD. [01:15:21] Speaker B: Je m'en rappelle. [01:15:22] Speaker A: Tu t'en rappelles? [01:15:23] Speaker B: Très bien. [01:15:24] Speaker A: Ah oui, hein? Ah oui. Pas que je ne l'aime pas, là, mais autre temps, autre meurtre. Je veux dire, j'ai évolué, il y a comme quelque chose dont on pourrait parler. [01:15:35] Speaker B: Mais reviens sur le fait, parce que sa position ou la position du fait qu'une fois que quelqu'un a payé sa dette, on ne devrait pas se substituer à la justice et en rajuster, ce n'est pas juste... C'est que quelqu'un... Conceptuel, ça se tient quand même assez fortement. [01:15:46] Speaker A: Ce qu'il a fait, c'est qu'il a gardé le silence, puis c'est Lorraine Pintal qui est allée au bat pour lui. Puis éventuellement, il a brisé le silence dans une entrevue à l'émission de Anne-Marie Dussault, que j'ai pas pu retrouver parce qu'elle est plus sur Radio-Canada. Je veux dire, Radio-Canada... Excuse la parenthèse, mais franchement, comme diffuseurs publics, ils ne sont vraiment pas à la hauteur de leurs responsabilités. Moi, je suis capable d'écouter Fox News si ça me tente, puis CNN, puis machin, sur YouTube. Comment ça se fait que Radio-Canada, je ne peux pas? C'est quand même flyé. Tu sais, quand on est curieux, puis qu'on est intéressé, puis qu'on peut pas retrouver des... En tout cas, de toute façon, ça, c'est une parenthèse. Et le lendemain de son entrevue avec Anne-Marie Dussault, il a fait publier dans le devoir une lettre à sa fille de 3 ans, qui s'appelle Aimée. Et c'est là qu'il essaie d'articuler un rationnel. Puis, tu sais, je dis enculage de mouche, je pense que oui, tu sais, je pense que... Bon, dans les commentaires, quelqu'un dit, mais en fait, ça signifie quoi, payer sa dette à la société? Je vous signale, et je paraphrase le commentaire, mais je le partage, en fait. Je vous signale qu'au terme de sa peine, Bertrand Canta n'est pas pardonné. Il a un casier judiciaire, il a une probation, il est pour toujours un condamné pour les gestes qu'il a posés. Il n'y a pas de... C'est un concept qui ne s'applique pas, le payage de sa dette envers la société. C'est comme si on dit... Parce qu'on dit il a payé sa dette envers la société, c'est qu'à partir du moment où il a passé quatre ans en prison, il devrait être totalement exonéré. Mais même la justice ne l'exonère pas totalement après ses quatre ans en prison. Il est encore en probation. Il est encore avec un casier judiciaire. Tu comprends? Il n'y a pas de pardon dans ce système-là. On invente un payage de dette envers la société. Comprends-tu? C'est déjà là, il y a un problème conceptuel dans l'articulation de son affaire. En tout cas, excuse-moi un peu. [01:17:59] Speaker B: Non, non, non, mais non, mais ça... [01:18:01] Speaker A: Je voulais juste m'opposer à cette expression-là. J'ai été en prison, donc j'ai payé ma dette envers la société. Non. Non, t'as enlevé une vie à quelqu'un. On peut pas dire que tu passes quatre ans en prison, puis après, c'est fini. C'est pas une amende, c'est pas un ticket de stationnement que t'as eu, là. Tu comprends? Je paye mon amende, puis après, c'est fini. Non, c'est pas vrai. [01:18:23] Speaker B: Oui, mais... Oui, mais l'argument... L'autre argument, ça serait de dire... Puis je parle pas nécessairement de lui. En fait, je parle pas du tout de lui. Juste, on parle plus théoriquement. Quelqu'un commet une faute grave, un crime, disons, ou un meurtre à 20 ans, disons. Puis il fait 20 ans de prison. Puis il en sort à 40 ans. Puis il retourne dans ses quartiers. Puis il s'occupe de ses fleurs puis de son jardin. Puis à un moment donné, il a 75 ans. On pourrait s'objecter à ce que du monde entoure sa maison à chaque matin en lui criant assassin, assassin. On dirait, écoutez, laissez-les vivre. Je veux dire, qu'est-ce qu'il doit faire de plus? Puis on pourrait même dire que l'assassin dont on parle pourrait dire, écoutez, c'est passé 20 ans, je vais refaire un autre 5 ans, mais après, je peux-tu retourner chez nous sans me faire injectiver? À un moment donné, il faut qu'il y ait une fin. Sinon, je dis pas une vie. C'est un cas extrême que je te dis, mais c'est pour ça que pour moi, à un moment donné, il y a quelque chose de l'ordre de... on peut terminer l'affaire. Puis après je vais juste rajouter quelque chose, après ça je vais te laisser parler. Ce qui vient pour moi dans ce cas-là, là je reviens au cas, en faire quelque chose de très particulier, comparativement à l'exemple que je donne que la personne retourne dans ses quartiers s'occuper de ses plantes, c'est que le métier de Bertrand Canta, par sa définition même, est indécent. Non, mais attends, tu trouves pas que. [01:19:57] Speaker A: Le fait... Non, non, parce que je l'ai entendu cet argument-là, mais vas-y. [01:20:01] Speaker B: OK. Mais moi, je trouve qu'il y a quelque chose qui vient jouer dans l'histoire, c'est que le métier de faire des spectacles, de se mettre en spectacle, de s'exposer, de s'exhiber, de vouloir être vu, de parler, de chanter ses émotions, Tu sais, moi je comprends du monde qui dirait je veux pas voir ça, je veux pas l'avoir dans ma face, je veux l'oublier, je veux pas le rappeler, je veux pas le voir s'épancher dans une chanson sur l'amour déchu, tu sais, je veux pas le voir ça. Mais par contre, bon, si quelqu'un fait quelque chose qu'il faut pas, puis il fait sa peine, puis il retourne être menuisier dans son coin, bien, je vais pas l'aller... J'aurais pas à aller vers lui et à lui crier des bêtises parce qu'il sera pas dans l'espace public. Tu trouves pas qu'il y a de quoi qu'il vient jouer là? [01:20:50] Speaker A: Ben oui, mais en fait, il y a plusieurs choses que j'aimerais dire par rapport à ça. C'est que le métier, tu l'as dit, son soi-disant métier, c'est de s'exhiber. En fait, c'est pas ça son métier. Son métier, c'est d'écrire des tounes puis les chanter. Je vois pas pourquoi il serait pas capable d'écrire des tounes puis les chanter dans son garage. Il y a comme un en plus. C'est pas le privé de gagner sa vie que de dire, écoute, je veux dire, justement, tu trouves pas que c'est un peu indécent de continuer à faire des shows puis de reprendre Noir Désir qui ne marche pas. Parce qu'il y en a un, Noir Désir, ça a arrêté, Noir Désir, justement, parce qu'il y en a un qui était comme, OK, là, tu as deux femmes mortes dans le sillage de ce monsieur dans le cadre des relations intimes. Puis dans le deuxième cas, même s'il n'y a pas eu enquête, il y a un fort soupçon de quelque chose d'assez sérieux pour qu'il y ait une loi qui en ait découlé. Il est arrivé quelque chose? dans ces années-là où H.D. Mouawad écrit ça, c'est que sa pièce, qu'il n'a pas pu jouer avec Kanta, je sais pas pourquoi Kanta, il fallait que ce soit Kanta dans le chœur, mais en tout cas... Puis il l'avait annoncé comme, wow, ça va faire un scandale. Tu sais, il y a une dimension de PR aussi là-dedans. Mais de toute façon, il y a une autre affaire qui se passait dans le même temps, c'est que cette trilogie de pièces de Sophocle, avec Bertrand Canta dans le chœur, allait aussi être joué au Festival d'Avignon. Dans le cadre du même Festival d'Avignon, Jean-Louis Trintignant, qui est un monstre sacré du cinéma, OK, Jean-Louis Trintignant, c'est pas un papa lambda en France, allait, pour France Culture, lire de la poésie. et constatant que dans le cadre du même festival, ça c'est en 2011 si je ne m'abuse, donc dans le cadre du même festival, il allait lire de la poésie pendant que l'assassin de sa fille, qui n'avait fait que quatre ans de prison, après quoi sa première femme s'était enlevée la vie pendant qu'il était dans la maison à dormir, cette personne allait jouer dans une pièce de théâtre, bien, Jean-Louis Trintignant a dit, je ne peux pas, je me désiste. Ça fait que ma question, c'est, comment se fait-il que ce ne soit pas Bertrand Cantat qui se soit dit, constatant que le père de la femme que j'ai tuée, va venir lire de la poésie, je me désiste. Et therein lies the problem, si tu veux, mon opinion, c'est qu'est-ce qu'il peut y avoir une rédemption ou une fin de la peine pour quelqu'un qui ne manifeste pas de culpabilité sincère, en particulier envers les victimes des actes qu'il a posés. C'est ça, je trouve que c'est ça la question. Quand tu t'engueules avec quelqu'un, là, moi, je trouve ça toujours plus facile. Tu sais, je suis pas d'accord. Admettons que toi et moi, on n'est pas d'accord, là, puis là, c'est jamais arrivé, mais ça pourrait. Peut-être que c'est déjà arrivé il y a longtemps, je me rappelle pas. En tout cas, je me rappelle pas. [01:24:24] Speaker B: – J'avais raison. [01:24:25] Speaker A: – Non, t'avais tort. Mais admettons qu'on s'engueule, là. Tu me dis ton point, je te dis mon point. T'es pas d'accord, tu me dis ton point. Le ton s'élève parce que tu as pas de bon sens, mais tu m'obstines pareil, puis ça fait un va-et-vient. Éventuellement, on espère qu'il y a une résolution, puis qu'une des deux personnes va dire, OK, effectivement, non, j'avoue, j'avais tort. Où j'avoue, je comprends ton point. Où j'avoue, je reconnais que tu existes. [01:24:57] Speaker B: C'est là qu'on n'est pas d'accord. C'est quand est-ce que quelqu'un a payé la dette à la société? C'est-tu le temps qu'il fait en prison plus la culpabilité qu'il exprime? [01:25:09] Speaker A: C'est que la culpabilité, c'est central. C'est pas juste l'accident, c'est central. C'est central. Comment peux-tu éprouver d'empathie pour quelqu'un qui n'éprouve pas de culpabilité pour des gens? Je veux dire, quand bien même que tu te dis, c'est pas de ma faute parce que Marie, elle m'a poussée, elle m'a rendu fou. Admettons que tu dis ça. Marie m'a rendu fou, ou bien donc, Christina me jouait dans le dos. Je sais pas ce qui est arrivé, on sait pas ce qui est arrivé entre eux, mais Christina dit, il est devenu fou. OK? Et son nouvel amant dit, bien là, il nous espionnait tout le temps. Elle était pas libre, en fait. OK? Bon. Admettons, OK, qu'il est arrivé que t'as causé des torts irréparables dans la vie de personne. OK? Puis admettons que tu penses que c'est pas entièrement de ta faute parce qu'il y a un contexte. On aime ça dire ça. Il y avait quand même un contexte. OK? Ça ne t'empêche pas d'éprouver de la culpabilité et du remords. C'est ça que les gens cherchent. C'est ça que... Les gens cherchent pas juste la punition. Les gens cherchent à savoir si tu te rends compte du mal que tu leur as fait, puis si tu te sens vraiment mal du mal que tu leur as fait. À défaut de ça, la boucle tourne sans arrêt. [01:26:34] Speaker B: Je comprends, mais ma réponse à ça, par exemple, par contre, ça serait que... c'est relativement facile de savoir quand une personne ne manifeste pas de culpabilité, donc par la négative, mais c'est plus difficile de savoir quand il en manifeste d'une façon sincère. Tu sais, des fois, on le sait pas. On sait qu'il y en a pas, mais on sait pas... Tu comprends? [01:26:57] Speaker A: Mais c'est ça, mais en fait, c'est une condition... Comment? Nécessaire, mais suffisante. Je veux dire, c'est que tu dis bon ben là, il a fait quatre ans de prison, puis il exprime du remords. Je le crois pas. Puis si t'es les parents, tu dis je le crois pas, je pense que c'est fake. Tu sais, tu peux. Mais en l'absence de ça, Ça marche pas. Puis dans ce cas-ci, je sais pas. C'est quand même indécent. Je veux dire, le gars, son métier, c'est d'écrire des tunes puis de jouer de la guitare. Je veux dire, je comprends que ses tunes sont bonnes, là. Je veux dire, j'en suis, là. Il est quand même... Il est bon, là. C'est talentueux. C'est clair, là, que c'est apprécié. Mais est-ce que t'es obligé de te produire en public? C'est limite indécent, sincèrement. Je veux dire, tu veux gagner ta vie, deviens boulanger, puis écris tes tournes dans... Je sais pas, là. Et que là, c'est Jean-Louis Trintignant qui sortira du Festival d'Amignon, puis que toi, tu y vas pareil, je sais pas. [01:28:02] Speaker B: C'est-tu un bon moment ou c'est pas un bon moment pour que je dise un mot sur Michael Richards? [01:28:07] Speaker A: Vas-y. [01:28:07] Speaker B: En fait, j'allais partir sur une longue lancée où je voulais parler de Michael Richards, qui est un comédien très connu, qui a joué le rôle de Kramer dans Seinfeld, qui, le 17 novembre 2006, a vécu un épisode de rage où, sur le stage, pendant qu'il faisait son stand-up comedy bit, il s'est fait... Il s'est fait haranguer, s'est fait heckler par des hecklers, comme on dit en anglais, puis il a perdu la carte. Il est devenu enragé. Et il a vécu la suite de cet événement-là d'une façon particulière qui, moi, j'opposais un peu ou je contrastais, en fait, à comment Bertrand Cantal l'a vécu. Mais ça demanderait une longue élaboration. Et donc, on va le faire dans un prochain podcast. [01:28:54] Speaker A: Oh, man! Ah non, ça, c'est être... un allumeur. Oui, ce serait... Oui, OK, on va faire ça. Parce que c'est pas la même chose du tout. T'as comme quelque chose de violent que tout le monde peut voir. Fait que c'est la même chose pour Quentin et pour lui, mais l'expérience ou la façon dont les choses sont exprimées ou la réaction est totalement différente. Donc ça, c'est comme ça rend la question de la personnalité, les enquêtes de personnalité pertinentes. [01:29:37] Speaker B: En fait, ça reprend plusieurs des mêmes thèmes et... Lui, comment il a vécu la culpabilité? Qu'est-ce qu'il a fait comme geste? Un geste qui a été verbal, donc ce n'est pas la même teneur. Je pense que c'est assez accepté. C'est moins pire, même si ce n'est pas bien, d'insulter des gens. et en les traitant d'une façon raciste, c'est moins grave que de tuer quelqu'un. Il l'a quand même fait à des gens qui étaient un groupe de gens anonymes, il connaissait pas, donc ça l'excuse pas. Mais tu sais, il y a plein de facteurs où on peut dire quel est le geste, mais quelle est la réaction des gens. a été la suite de sa carrière? Lui a arrêté de faire son art parce qu'il n'était plus capable de se mettre de l'avant. [01:30:19] Speaker A: Il ne s'en est jamais remis. [01:30:20] Speaker B: Il ne s'en est jamais remis. Est-ce que ça ne fait pas en sorte que parce qu'il refuse de continuer à faire son art, qu'on a au moins le goût qu'il fasse? En tout cas, il y a toutes les questions de culpabilité, remords, médias, payer sa peine, payer sa dette, la culpabilité. [01:30:35] Speaker A: Mais il y a aussi, si je peux me permettre juste une petite remarque, c'est que dans le documentaire sur Quentin, il y a quelque chose qui revient, c'est la question du féminicide. Et ce qui est exprimé, c'est que la mentalité, les mentalités ont évolué par rapport au féminicide. J'ai fait quelques petites recherches à savoir qu'est-ce que ça voulait dire exactement ce mot-là, féminicide. Et puis, autant ça peut éclairer certaines choses parce que, bon, ça découpe la réalité d'une certaine façon, ça crée une catégorie d'homicide particulière avec des présupposés, des motifs qui sont derrière. Autant ça brouille certaines choses que des gens peuvent vivre des épisodes de rage, des hommes en l'occurrence, des épisodes de rage qui ont des conséquences dramatiques sans que nécessairement ça s'inscrive dans une logique de possessivité, parce que c'est ça qu'il y a derrière l'idée de ce mot-là, de possessivité de type patriarcal. Ce qui peut par ailleurs arriver, mais ce n'est pas parce que la victime est une femme que nécessairement la rage qui a mené à ce qu'elle devienne victime a la même signification. C'est... En tout cas, c'est la réflexion que je me faisais. Tu sais, on dit comme... Dans le cas de Kanta, c'est ce qu'on évoque, un féminicide, puis je comprends la pertinence, l'importance qu'on accorde à l'usage de ce mot. Mais il y a des distinctions. [01:32:33] Speaker B: Tout à fait. Dans le cas de Michael Richards, il va s'en prendre à deux personnes qui sont des hommes noirs en étant envers eux racistes. Ses propos sont racistes. Est-ce que ça fait de lui un raciste? Momentanément, oui. [01:32:48] Speaker A: Ou est-ce que ça fait de sa crise une crise qui est motivée racialement? [01:32:54] Speaker B: Exact. [01:32:54] Speaker A: Ou est-ce qu'il a accroché au passage quelque chose qu'il a vu, mais sa crise était motivée par le fait d'être éclé? [01:33:00] Speaker B: Exact. Non, c'est ça. On va peut-être avoir une couple de minutes à dire là-dessus.

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