L'arrestation de Pee Wee Herman

L'arrestation de Pee Wee Herman
Après-Coup
L'arrestation de Pee Wee Herman

Jul 05 2025 | 01:24:03

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Episode 99 July 05, 2025 01:24:03

Show Notes

Qui se souvient encore de Pee Wee Herman, de son créateur Paul Reubens et des accusations qui ont entaché son image ?

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Episode Transcript

[00:00:04] Speaker A: Qui se souvient encore de Pee Wee Herman, de son créateur Paul Rubens et des accusations qui ont entaché son image? Vous écoutez Après coup. [00:00:39] Speaker B: On continue notre trilogie, on termine avec notre trilogie en parlant de Pee Wee Herman. [00:00:45] Speaker A: Oui, c'est devenu une trilogie accidentelle. Le premier de la trilogie étant Bertrand Cantor, le deuxième étant Michael Richards, donc le troisième étant Pee Wee Herman. [00:00:59] Speaker B: Oui, et c'est une trilogie parce qu'on a décidé que ce n'était qu'une. [00:01:02] Speaker A: Oui, dans l'après-coup. [00:01:03] Speaker B: Ils ne se connaissent pas. [00:01:04] Speaker A: Non. [00:01:06] Speaker B: Ils ne se ressemblent pas du tout. [00:01:07] Speaker A: Non. [00:01:07] Speaker B: Ils n'ont rien en commun. [00:01:08] Speaker A: Non. [00:01:09] Speaker B: Sauf l'idée que ce sont tous les trois des artistes. [00:01:14] Speaker A: Oui. [00:01:14] Speaker B: Et dont l'expression de leur art respectif a été défait, brimé, arrêté par différents actes répréhensibles. [00:01:26] Speaker A: Oui, des transgressions. Des transgressions qui ont eu un impact sur l'orientation de leur carrière. [00:01:33] Speaker B: Chacun a un registre très différent, mais ça fait partie de ce qu'on veut réfléchir aussi. [00:01:37] Speaker A: Oui. Les deux premiers étant des passages à l'acte, carrément. Quentin, on le sait, on l'a examiné en long et en large. Michael Richards, c'était une crise de rage verbale, en fait, sur scène. Puis oui, Herman. D'abord, qui c'était, puis ensuite, on va parler de c'était quoi. [00:01:57] Speaker B: Ce que tu m'as annoncé en primeur, avant le podcast, c'est que tu n'avais aucune idée c'était qui ou presque. [00:02:01] Speaker A: Je ne connaissais pas du tout. [00:02:02] Speaker B: Mais tu s'appelles un nom. [00:02:04] Speaker A: Si je l'ai déjà su, c'est vraiment très vaguement. Je découvre quelqu'un complètement. J'ai peut-être... Je dis ça sous toute réserve. J'ai peut-être vu des personnages depuis Weerman, des petits bonhommes, je sais pas s'il y en a eu. Mais à part ça, je n'avais aucune idée. [00:02:27] Speaker B: Où étais-tu dans les années 80? [00:02:29] Speaker A: Bien, je n'avais pas le câble, moi. [00:02:30] Speaker B: Oui, c'est ça. [00:02:31] Speaker A: Ça m'a coupé une bonne partie de la culture. [00:02:38] Speaker B: Donc ton idée de ne pas payer pour Netflix aujourd'hui, ça... [00:02:42] Speaker A: C'est une tradition familiale. [00:02:43] Speaker B: Ça se remonte à loin. [00:02:45] Speaker A: Oui, c'est ça, on a des principes comme famille, oui. [00:02:52] Speaker B: Mais en fait, puis moi, je... Puis Weerman, je le connaissais parce que j'avais le câble. Et donc, c'est quand même un personnage assez... qui a été assez connu dans les années 80. Moi, j'écoutais beaucoup les shows de fin de soirée aux États-Unis avec Johnny Carson, après ça, avec David Letterman et... Et c'était souvent un invité, parce que c'était vraiment un bon invité pour ce genre de spectacle, pour ce genre de show, parce que... Comment décrire rapidement Pee Wee Herman pour quelqu'un qui le connaît pas? [00:03:25] Speaker A: Bien, on a dit, de ce que j'ai lu, que c'était un personnage caricatural, en bande dessinée, un peu proche de Tintin, encore que lui conteste ça, dans le style Tintin, où... Une espèce d'enfant dans un corps d'adulte non terminé, avec des mimiques. Tu sais, au Québec, là, on a eu... on a eu La Poune, par exemple. Tu sais, un personnage comme La Poune. Donc, La Poune, c'est... c'est la poune, c'est pas l'actrice qui joue la poune. Fait que c'est Pee Weerman, c'est Pee Weerman, c'est pas l'acteur qui joue Pee Weerman. C'est une caricature, un peu comme la poune, dans un sens. [00:04:21] Speaker B: Oui. Puis lui, qui fait une caricature... qui fait une caricature des émissions pour enfants des années 50 aussi. [00:04:30] Speaker A: C'est ça, son univers. [00:04:31] Speaker B: Oui. Alors, c'est comme s'il prenait une... parce qu'il y avait certains personnages, de ce que je comprends, de ce que j'avais vu dans les années 50, Howdy Doody, entre autres, tu sais, qui avaient une espèce de candeur d'enfant candide. Ça fait que lui, ce qu'il fait, c'est une espèce de pastiche ou d'imitation de ça. [00:04:49] Speaker A: Comme tu as un capitaine de bateau, il nomme pas comme tel, mais moi, ça m'évoquait Popeye, le vrai marin. [00:04:54] Speaker B: Oui, c'est ça. [00:04:55] Speaker A: Donc, c'est très inspiré des émissions de bandes dessinées des années 50, des premières bandes dessinées qui ont eu lieu à la télé, et du cirque aussi, des personnages de cirque. qui était très présent autour de chez lui pendant son enfance en Floride. [00:05:12] Speaker B: Oui, c'est ça. Puis donc, celui-là, ça fait partie de ce qui nous intéresse, moi certainement. Parce que pour l'instant, on a parlé de P.O. Yearman comme de raison, c'est pas son nom, c'est le personnage. La personne, c'est Paul Robbins. Mais donc, comme il a joué beaucoup Il a été son personnage, donc il faisait des apparitions publiques en Pee-wee Herman. Alors, il y a ce glissement-là, des fois, que des gens parlent de lui comme Pee-wee Herman, quasiment en voyant sa vraie personne s'effacer. Donc, Paul Rubens, qui est un acteur, un artiste, qui a créé ce personnage-là. Mais un peu comme La Poune. Tout le monde connaît La Poune, mais son nom de personne, c'était pas aussi connu que La Poune. [00:05:55] Speaker A: C'est ça. Rose Ouellet. C'est ça. Je viens de me revenir. Rose Ouellet. Ou Gilda. Nous, on a eu Gilda aussi en forme de personnages caricaturaux, proches de la bande dessinée, qui se présentait en entrevue en tant que Gilda. [00:06:17] Speaker B: Puis, pour continuer dans les approximations de la quoi ça peut ressembler, donc Pee Wee Herman, personnage créé par Paul Rubens, qui est un clin d'œil, on peut dire, au personnage d'émission d'enfant de sa jeunesse, des années 50, avec un edge, par exemple. Moi, c'est ce qui fait que je le trouvais quand même intéressant, c'est que puis on va en reparler là, mais c'est que c'est pas juste, il se présente pas juste comme une espèce d'homme enfant dans la candeur. Son ton change souvent, puis là il y a des points de cynisme ou il y a des points, des craques, des références à un monde plus sordide ou adulte. Puis après ça, il rentre dans son personnage. Fait qu'il y a ça aussi qui existe. En termes de comparaison, ça m'a fait aussi penser au personnage de Daniel Lemire, l'oncle George. [00:07:12] Speaker A: Oui! Oui! [00:07:13] Speaker B: C'est vrai. C'est pas pareil, là. Parce que l'oncle George, pour moi, c'est une caricature de personnage pour enfants. [00:07:21] Speaker A: Oui. [00:07:22] Speaker B: C'est de sorte commun. [00:07:23] Speaker A: Oui. [00:07:24] Speaker B: L'oncle George, c'est pas tant dans... [00:07:26] Speaker A: C'est pas quelque chose de... Ou Krusty the Clown aussi. [00:07:28] Speaker B: Oui, exact. Mais en fait, je pense que Krusty the Clown a été inspiré, entre autres, de P. Weirman. [00:07:33] Speaker A: Oui. Ah oui? Ah oui. [00:07:34] Speaker B: Je peux penser. Puis Weyerman, il y a quelque chose de performatif dans l'expression artistique, c'est-à-dire que c'est beaucoup dans les mimiques, dans la gestuelle, dans la façon de... Tu sais, c'est un artiste des arts, de la performance, du cirque et tout ça. Oncle Georges, c'est plus vraiment dans les mots et le cynisme et... C'est plus le ressort comique de l'affaire. Des fois, ça paraît qu'Oncle Georges... Il est là, mais il trouve ça niaiseux d'être là. Il ne peut pas s'empêcher de dire... Le p'tit Rémi, c'est temps qu'il débarrasse la place! Parce que... il est tanné. Ce qui est très drôle en soi, c'est un personnage très drôle, oncle Georges, je trouve. [00:08:23] Speaker A: Oui! Oui, c'est vrai! [00:08:24] Speaker B: Une fois que t'es habitué juste de le voir arriver... Je sais pas si c'est parce que nous on est cyniques pis que ça. [00:08:30] Speaker A: Nous fait rire, mais... [00:08:31] Speaker B: Tu sais qu'il faut que c'est pas semblant qu'il est content, je sais pas si ça nous... Ah, tu sais, je suis content d'être ici parmi vous. Ça va durer longtemps, le chouplet. Tous les points d'ennui, puis d'être tanné, puis de ne pas vouloir être là, finalement, mais d'essayer d'être... [00:08:49] Speaker A: C'est la position face au public qui est drôle aussi. Le rôle dans lequel ils mettent le public, c'est très drôle. [00:08:57] Speaker B: Puis l'idée aussi de... Tous les introvertis peuvent se connecter à ça. Parce qu'il y en a des gens qui sont bons pour avoir l'air enthousiaste, puis ils sont contents d'être là, puis des fois c'est vrai, ils sont contents d'être là, ils ont une belle énergie. Moi j'aimerais ça avoir une belle énergie positive, puis que les gens disent « t'as donc bien une belle énergie ». Moi j'ai une amie, elle a une belle énergie. [00:09:18] Speaker A: Mais t'as une belle énergie. [00:09:19] Speaker B: Non. [00:09:21] Speaker A: Non? [00:09:21] Speaker B: Non. Pour toi, oui. Parce que l'énergie est similaire à la tienne. [00:09:27] Speaker A: Ah oui, OK. C'est pour ça que je... [00:09:30] Speaker B: C'est que tu ne sais pas si ça matche ton énergie négative. [00:09:34] Speaker A: Non, mais... Ah, OK. Je me reconnais dans ton énergie. C'est pour ça que je la trouve belle. Oui. [00:09:40] Speaker B: Tu sais, j'ai reçu des compliments dans ma vie, mais il n'y a personne qui m'a jamais dit « Mais t'as donc une belle énergie. [00:09:46] Speaker A: C'est-à-dire » ça, à quoi tu fais référence en parlant de belle énergie? C'est une espèce d'extraversion. D'être ouvert, d'être, c'est ça, joyeux, puis de prendre de la place, de ne pas être gêné. [00:10:06] Speaker B: C'est vrai, moi, je l'apprécie. [00:10:07] Speaker A: L'envoi de Jean. [00:10:08] Speaker B: Ouais, pis une personne est là, pis t'as l'impression que t'es teneur, t'es peut-être un peu plus de bonne humeur parce que la personne a un beau sourire, pis oncle Georges lui arrive en essayant de faire ça. Fait qu'il va dire « Ah bon, ben bonjour toi! » Là, ça applaudit, pis là « Calme-toi, hein, il faut que ça finisse, le show-off. » Pis là, c'est moi qui n'ai pas content d'être là. Pour Crusty, The Clown, La Poune, Gilda. [00:10:40] Speaker A: Oncle Georges, il y a Pee Weerman. [00:10:44] Speaker B: Et notamment, une caractéristique aussi, donc ce qu'on disait tantôt, c'est qu'il a créé ce personnage-là, Paul Rubens. Puis en fait, on a écouté un documentaire. C'est beaucoup basé sur un documentaire récent qui a été fait sur lui. [00:10:56] Speaker A: Oui, sur HBO. C'est Pee Weerman par lui-même, quelque chose comme ça, oui. [00:11:03] Speaker B: Et moi, il y a un passage qui m'a interpellé dans le documentaire, c'est que ça raconte comment Paul Rubens, en début de carrière, il était dans une relation amoureuse et il a comme arrêté une certaine partie de son excentricité parce qu'il étudiait justement dans des universités d'art qualifiées. [00:11:25] Speaker A: En fait, ce que j'ai compris, c'est qu'il essayait de percer après ses études. dans des universités, disons, expérimentales, où on faisait du théâtre expérimental. Il a fait beaucoup de choses en drag queen, entre autres. Puis où l'exubérance... Puis il a étudié avec Michael Richards, qui était son camarade de classe, juste comme le monde est petit. Mais pour Persée, il a décidé que sa relation amoureuse était incompatible avec ses ambitions. [00:12:02] Speaker B: C'est ça. Et donc, non pas tant à un moment donné ses ambitions à lui, Paul Rubens, mais à Pee Wee Herman. C'est-à-dire qu'à un moment donné, il s'est dit, en tout cas c'est ce qui est révèle dans le documentaire, à un moment donné, il dit, je me suis dit, je vais consacrer mes efforts et mon énergie à la carrière de Pee Wee Herman. Et donc, c'est ce personnage-là qui est comme porté à bout de bras, puis qui est devenu... Bien, comme toutes ses apparitions publiques étaient en Pee-wee Herman, bien, c'est lui qu'on connaît, ça. [00:12:34] Speaker A: Qui est devenu son alter ego. Contrairement, admettons, à Oncle Georges, qui est toujours Daniel Lemire. Il y a toujours Daniel Lemire. Oncle Georges n'annule pas Daniel Lemire. Exact. [00:12:44] Speaker B: Mais c'est ça. [00:12:45] Speaker A: Pee Wee Herman a pris toute la place dans la vie de Paul Reubens. [00:12:51] Speaker B: C'est ça. [00:12:51] Speaker A: Et qui a tout sacrifié, en fait, de sa vie affective, de sa vie réelle, pour son personnage de Pee Wee Herman. [00:12:59] Speaker B: En soi, moi, je trouve que c'est un phénomène fascinant parce que se dessine aussi parfois une espèce de ressentiment de Paul Romans envers le personnage. Ça devient un truc d'extimité. C'est à la fois extérieur à toi et très intime à toi. C'est toi, c'est ton personnage, mais en même temps, il prend toute la place, un peu comme tu le dis. Des fois, Paul Romans dit... J'aurais aimé ça que le monde me reconnaisse pour qui je suis. Mais t'es comme pris avec le personnage que t'as créé toi-même. [00:13:34] Speaker A: Oui, entre autres, parce que ce personnage-là a eu une carrière impressionnante. Notamment après avoir été monté sur scène. Il est devenu un personnage, le personnage principal d'un film, de Pee Wee Herman's The Great Adventures, qui était le premier film de Tim Burton. Et un film auquel Paul Reubens a énormément contribué, tant dans l'écriture que dans la mise en scène, que dans la décoration, que dans tout, à tous les niveaux. mais pour lequel il n'a pas été reconnu d'aucune façon comme créateur. Bien, entre autres, parce qu'on dit Paul Reubens à la fin, mais que personne ne sait c'est qui Paul Reubens, en fait. [00:14:27] Speaker B: C'est ça, puis que Tim Burton est devenu très connu. C'est devenu le premier film de Tim Burton dans lequel Pee Wee Herman était présent. [00:14:32] Speaker A: C'est ça. [00:14:33] Speaker B: C'était son film. Puis lui, il a choisi ce réalisateur-là. [00:14:37] Speaker A: Exactement. Pour le mettre en scène, c'est ça, pour le diriger, oui. [00:14:41] Speaker B: Oui, c'est ça. [00:14:42] Speaker A: Puis donc, il y a ça, c'est que... On peut dire que Paul Reubens joue Pee Weerman dans ce film, mais Paul Reubens aussi écrit les textes, participe à la direction, etc. Mais ça tombe dans l'uséquipole Rubens, en fait. Il n'est pas resté du tout l'image de, par exemple, comme, tu sais, un autre acteur des films de Tim Burton, Edward Scissorhands, pour ne pas le nommer. Johnny Depp joue Edward Scissorhands. C'est toujours Johnny Depp. [00:15:20] Speaker B: Oui, oui, c'est ça. [00:15:21] Speaker A: Johnny Depp a jamais été confondu avec son personnage. [00:15:25] Speaker B: Puis l'étoile qu'il a ou qu'il va avoir à Hollywood pour bien imprégner le fait que c'est un acteur connu, ça va être Johnny Depp, ça sera pas marqué Edward Scissorhands. [00:15:38] Speaker A: Exactement. [00:15:38] Speaker B: Tandis que Paul Reubens a pas d'étoile. [00:15:41] Speaker A: Non. [00:15:41] Speaker B: C'est Peewee Herman qui en a une. [00:15:42] Speaker A: Oui. Donc il s'est piégé dans son propre alter ego. C'est une décision qu'il a prise, à un moment donné, au début de sa carrière, c'est d'incarner ce personnage-là, qui est devenu lui, mais sans être lui tout à fait. [00:16:00] Speaker B: C'est ça. [00:16:01] Speaker A: Mais qui est devenu lui à plein d'endroits, qui est devenu lui comme interviewé dans des émissions de fin de soirée, comme David Letterman et compagnie. c'était pas Paul Reubens qu'on recevait, c'était Pee Wee Herman. [00:16:15] Speaker B: Oui, c'est ça. [00:16:16] Speaker A: C'est devenu un piège. [00:16:18] Speaker B: Oui, puis c'est arrivé des fois à un certain moment qu'il est invité comme Paul Reubens, mais même là, il y avait... bien pas même là, mais ça crée une espèce de malaise où t'essayes de détecter les expressions de Pee Wee Herman dans Paul Reubens, puis que Paul Reubens en tant que tel, d'abord, bien, il est pas drôle. où il n'est pas aussi... Il n'y a pas comme une... T'aimerais mieux que ce soit Pee Wee Herman, tant qu'affaire, pourquoi c'est lui? C'est vraiment une espèce de dissonance qui n'est quand même pas le propre des artistes seulement. C'est-à-dire, je pense qu'à un registre différent, il y a beaucoup de gens que j'ai rencontrés qui sont développés des personnages ou des identités professionnelles assez fortes, ou un moment donné, sans qu'ils changent de nom nécessairement, ils deviennent un peu leurs personnages d'identité professionnelle et donc ils sont, disons, un gestionnaire, sérieux, avec une façon de parler, puis des codes dans un environnement précis, puis ils n'en sortent pas si facilement parce que ça fait partie de leur vie, ou en tout cas, il y a tout le défi de rentrer dans ce personnage-là quand il arrive au travail. et qui deviennent et qui sont vice-présidents de la place, puis avec tous les codes qui vont avec, puis la façon de parler, puis de se tenir, puis de dire, puis de quoi pas dire. Puis cette espèce d'effacement-là quand ils reviennent dans leur vie, mais pas tout à fait parce que leur identité professionnelle continue. Bref, cette expérience-là d'être à la fois quelqu'un et son alter ego, ça dépasse les artistes. [00:18:02] Speaker A: Mais c'est aussi toute la question de l'identité qui est incluse là-dedans, en général. C'est-à-dire, pour tout le monde. C'est quoi une identité? C'est quoi ton identité? C'est quoi l'identité de quelqu'un? On en parle comme si ça allait de soi. Ça va pas de soi du tout. Qu'est-ce qui, de moi, est un personnage que je me suis créé il y a longtemps et que je joue comme s'il était moi? et comme si je ne pouvais pas être quelqu'un d'autre. [00:18:34] Speaker B: Marqué par parfois des passages symboliques, pour en donner un exemple, parce que je pense qu'on l'a expérimenté, on l'a vu, tu peux avoir quelqu'un qui est un jeune étudiant à l'université, qui étudie dans un domaine ou un autre, qui étudie pour être dentiste, puis pendant ses études, il trouve pas ça intéressant, Il n'aime pas ça. Il ne trouve pas que ça a beaucoup de valeur. Il est en réaction avec ce qu'il apprend. Il n'est pas sûr de vouloir rester. Mais à partir d'un certain moment, il a comme un point de capiton. Il reçoit son diplôme. [00:19:15] Speaker A: Il devient... – Docteur untel. [00:19:18] Speaker B: – Oui, il a une profession. [00:19:19] Speaker A: – Maître untel. [00:19:20] Speaker B: – Et là, ça le sépare des autres. [00:19:22] Speaker A: – Oui. [00:19:22] Speaker B: – Et là, d'un coup, il y a vraiment un passage. [00:19:24] Speaker A: – Oui. [00:19:25] Speaker B: – En tant que... – Oui. – Ingénieur. [00:19:27] Speaker A: – Oui. [00:19:28] Speaker B: Puis là, si tu lui dis, ouais, mais tu sais, six mois avant, tu ne l'étais pas, puis tu n'étais pas... Telle année, ingénieur, ça fait partie de l'identité. [00:19:37] Speaker A: Ou, par exemple, tu as quelqu'un qui est comme quelqu'un d'ordinaire et de sympathique avec qui tu échanges comme normalement, qui décide de partir un blog, qui a un grand succès, et qui, tu sais, des millions de vues, et qui devient... auteur de ce blog, donc qui devient quelqu'un, quelqu'un d'important. à cause du nombre de vues, du trafic sur son blog. Donc, son identité, c'est plus d'être la personne. Même si c'est complètement virtuel. Je parle d'un blog juste parce que t'as même pas besoin de recevoir une sanction d'un endroit officiel qui te donne un titre à la fin de tes études. Tu peux t'accrocher à quelque chose qui est purement virtuel. Par exemple, tant de millions de personnes sont venues voir mon site. Et donc maintenant, j'ai une expertise. Et en tant qu'experte, c'est un truc de capiton. Tu passes d'une personnalité, d'une personne avec une identité X, peut-être mal assurée, Et quelque chose te fait dire que là, tu tiens un manteau ou un bâton ou une couronne, un symbole d'une nouvelle identité qui te confirme en tant qu'individu dans le monde. [00:21:12] Speaker B: Puis littéralement, je pense que le point de capiton de l'expression lacanienne, ça vient de l'idée qu'il y a des mailles qui se tissent, mais que tout peut se défaire. quand tu fais de la couture, ça peut tous se défaire assez facilement. Tu tires sur quelque chose, puis tout vient avec, puis tu peux tout défaire. À un moment donné, il y a quelque chose, le point de capiton, c'est que ça ramasse tout, puis là, il y a un nœud, puis là, ça tient. Puis là, tu peux plus juste tirer sur un fil, puis avoir le chandail qui vient avec. [00:21:43] Speaker A: Fait que donc, des fois, il y. [00:21:45] Speaker B: A des moments comme ça, puis ça peut être justement la différence entre zéro vue et 100 000 vues pour quelqu'un qui vient. [00:21:56] Speaker A: Oui, là, voyez mon succès. Donc, ça, maintenant que j'ai atteint tel chiffre magique, c'est aux yeux du monde, mon succès qui, en retour, en écho, garantit mon identité. Et donc, maintenant, je deviens ça. C'est-à-dire, c'est ça que je suis. Regardez, mon diplôme, c'est comme une sanction qui me vient d'une instance, d'une autorité. Et maintenant que je l'ai reçue, regardez tout le monde, ça vient sceller qui je suis. Maintenant, j'adopte ce rôle-là. [00:22:33] Speaker B: C'est ça. Et donc, pour certaines personnes, puis à la limite parfois tant mieux pour eux, il y a un scellant, il y a un capiton qui vient vraiment les placer, leur donner quelque chose à laquelle ils peuvent toucher le schtaple. Ça, c'est décidé. Puis pour d'autres, ça reste plus flottant et ça vient plus… Oui, parce que…. [00:22:54] Speaker A: Oui, à différents niveaux, mais aussi parce qu'en général, c'est que ça vient avec une foi, ça vient avec une certitude. C'est pas un fait. C'est pas un fait que parce que telle école t'a donné tel papier, ça dit qui tu es. Ça décrète ton identité. Il faut que tu y prêtes foi. et que tu t'y abandonnes, c'est-à-dire que tu choisisses ce rôle-là. On peut toujours leur mettre en question. On peut ne pas remettre en question, admettons que t'es médecin, t'as les papiers pour être médecin, mais toi tu peux remettre en question toutes les attitudes et les façons de parler et de se positionner que tu imagines qui viennent avec le fait d'être médecin et qui constituent ton identité. [00:23:53] Speaker B: Oui, oui, c'est ça. Mais oui, puis quelqu'un peut dire mon identité, c'est d'être un voyageur ou un citoyen du monde, ou au contraire un art américain ou un canadien ou un québécois, puis c'est par ces registres-là qu'ils se donnent une place dans le monde. Mais dans le cas de Paul Rubens, où on peut penser que c'est difficile, puis que c'est le cas pour plusieurs artistes, c'est qu'essentiellement, au départ, C'est des tripeux dans des universités très expérimentales qui essayent toutes sortes d'affaires de maquillage, de déguisement, de trucs de cirque, qui sont pas nécessairement tous très bons. C'est-à-dire, il y a beaucoup d'essais et erreurs. Ils ont 18, 19, 20 ans, puis ils essayent des affaires. Mais ce qu'ils font, à un moment donné, que leur identité d'artiste est scellée, dans un sens, c'est l'amour qu'ils reçoivent d'un public. Fait que tu peux penser quand même comment c'est évanescent comme sensation, parce que pourquoi ils m'aiment? Ils vont-ils toujours m'aimer? C'est qui ce monde-là? Qu'est-ce que j'ai donc fait qui a plu? Pourquoi ça a fonctionné? Puis Weerman, c'était pas donné. [00:25:06] Speaker A: Non, c'était pas donné, mais aussi il a persisté. Ça a commencé par une pièce de théâtre avec des personnages qui étaient ses amis, puis c'était tout inventé dans sa tête, en fait. Ça sortait de son imaginaire. Puis au début, c'était 100 personnes qui venaient voir la pièce. C'était pas beaucoup. Puis eux, ils avaient l'ambition de grossir le nombre de personnes, d'aller dans une plus grande salle pour grossir le public, pour éventuellement que des exécutives J'aimerais ça qu'on en parle tantôt, des exécutives, ils en parlent dans Seinfeld aussi, chez NBC. Tu sais, les décideurs, ceux qui, à la fin, orientent réellement la culture parce qu'ils ont les moyens de production. [00:25:54] Speaker B: Exact. Dans le temps, t'étais complètement à la merci que quelqu'un te dise « on va te financer ». [00:25:59] Speaker A: On va te donner un show, c'est ça. Puis en te donnant un show, on te donne de l'argent et on espère un retour sur notre investissement, donc on te donne de la publicité aussi. On te donne un public plus large. Mais on se sert du public que tu as cultivé déjà pour miser sur toi. [00:26:39] Speaker B: On peut tout à fait concevoir qu'il y a du talent, Paul Reubens, que son personnage est... C'est un personnage qui habite tellement que personne d'autre peut faire Pee-wee Herman comme lui, c'est lui. Tu peux pas imaginer un autre artiste dire « je vais le prendre le personnage, je vais devenir Pee-wee Herman ». Ça ne fonctionne plus. Même à la limite, il ne pouvait plus le faire à un certain moment de sa vie quand il était plus vieux parce qu'il était un peu figé dans le temps. Pee Weerman ne peut pas avoir 70 ans nécessairement. [00:27:11] Speaker A: Non, c'est ça. Mais c'est que aussi, ce genre d'humour-là a fini par passer date, je pense, personnellement. Tu n'as pas l'impression. C'est-à-dire que ça a marché. Donc, éventuellement, Il a fait son film, ce qui lui a permis d'éventuellement avoir une émission de télé pour enfants. Donc on a fait, depuis We Are Men, un personnage... [00:27:35] Speaker B: Pour enfants. [00:27:36] Speaker A: Pour enfants. [00:27:37] Speaker B: Ce qui n'était pas donné au départ que ce serait ça. [00:27:39] Speaker A: Ce n'était pas ça du tout. Ce n'était pas aux enfants qui s'adressaient au départ. Et donc, il a fait une émission pour enfants, comme toutes les bonnes bandes dessinées, à multniveau, qui pouvaient plaire tant aux adultes qu'aux enfants, c'est-à-dire avec des sous-entendus. [00:27:57] Speaker B: Mais est-ce que c'est pas quelque chose qui était très présent... Quand on était jeunes, nous, quasiment par définition, que des émissions pour enfants étaient conçues par des artistes qui voulaient s'adresser à plein de monde et qui s'assuraient d'avoir différents niveaux de langage et de blagues. Il me semble que toutes les émissions en Radio-Canada qui ont bien vieilli, des émissions comme Sol et Gobelet, disons. T'écoutes Sol et Gobelet aujourd'hui, puis... [00:28:24] Speaker A: C'est brillant. [00:28:25] Speaker B: Puis tu peux comprendre pourquoi un enfant de 7 ans trouve ça drôle, mais tu peux, toi, écouter puis voir le second niveau de la blague, puis comment il y a la... l'espèce de ressort d'incertitude du personnage qui fait qu'il est mal à l'aise, puis de trouver... Tu sais, qu'il y avait comme une espèce d'intelligence. Puis il me semble que c'est assez perdu, ça, avec des émissions comme Dora ou... qui font juste comme pédagogiquement répéter le mot qu'il faut apprendre. [00:28:56] Speaker A: Je suis contente que tu dises ça, parce que moi, le documentaire m'a remplie de nostalgie. Même si je ne connaissais pas Pee Weerman, je reconnaissais l'époque, puis je reconnaissais l'humour de l'époque, l'esprit de l'époque. Les émissions pour enfants dont il parlait, j'en ai écouté. C'est complètement autre chose. que ce que c'était même quand mes enfants étaient petits. Il y a quelque chose qui s'est perdu, je suis d'accord avec toi, de s'adresser à l'intelligence. des spectateurs, puis d'être multi-niveaux quand on parle d'offrir quelque chose qui est de la créativité. Tu sais, il y a ça, les gobelets, mais il y avait Larry Boulding dans mon temps. Je sais pas si tu te souviens. Avec Dan Plune. [00:29:45] Speaker B: Ça ressemble un peu, en termes de création, à de toutes sortes de personnages qui servent à lire. [00:29:50] Speaker A: Puis c'est proche de la comédie Adèle Arte, puis même du théâtre de rue, comme ça se pratiquait au temps de Molière. Tu sais, puis même, je sais pas si tu avais... si tu voyais ça, mon ami Guignol... Ou je sais quoi, on se donne des coups de bâton, puis il y a des méchants, puis on emploie les... Tu sais, on parle aux enfants, puis on demande aux enfants si on va aller taper M. le colonel untel. Tu sais... en supposant qu'il y a de la violence chez les enfants, puis que c'est aussi bien de la canaliser dans des mises en scène théâtrales. C'est ça, mon expérience de la télé dans mon enfance, puis c'est pour ça que j'ai... C'est comme ça m'a comblée de nostalgie, en fait, d'écouter tout ça, parce que je reconnaissais des codes, des... T'sais, des... des archétypes de personnages... [00:30:46] Speaker B: Puis d'avoir aussi fondamentalement quelqu'un... Puis je pense qu'on peut lui donner ça à Paul Reubens, là, qui crée un univers à partir de son monde imaginaire et donc qui veut transmettre cet univers-là. Fait que, t'sais, d'aucune façon, je pense que quelqu'un pourrait penser que Paul Reubens, il suivait un code pédagogique. C'était pas ça l'idée, c'était de dire... Puis entre autres, notamment, ça fait partie de ce qui est... de son style, c'est de... c'est d'avoir, de voir le monde, de voir les choses autour de soi comme potentiellement vivantes. [00:31:30] Speaker A: Oui, oui. [00:31:32] Speaker B: Il y a beaucoup, beaucoup. [00:31:33] Speaker A: Le fauteuil. [00:31:33] Speaker B: Le fauteuil, c'est quoi, c'est Cherilee? [00:31:37] Speaker A: Oui. [00:31:38] Speaker B: Cherilee, elle bouge, puis quand tu t'assoies dessus, elle répond, puis... Oui. [00:31:42] Speaker A: La fenêtre aussi, la fenêtre a des yeux. [00:31:44] Speaker B: Oui. Puis c'est particulier, ça, parce que... Donc, c'est une autre façon de voir le monde si tu penses que tous les objets, les animaux et toutes les choses autour de toi ont comme une âme. [00:31:58] Speaker A: Oui, une personnalité. [00:32:00] Speaker B: Et une personnalité. [00:32:01] Speaker A: Oui. [00:32:02] Speaker B: Donc, je l'écoutais en entrevue par la suite de Paul Robbins, puis il disait que... Tu sais, il racontait tout bonnement que... Il racontait ça comme une anecdote banale, mais quelques jours avant, il faisait une émission de télé et il devait se faire maquiller et préparer pour passer à la télé. Il s'est assis sur une chaise et la chaise faisait un drôle de bruit. Puis elle faisait tellement une espèce de drôle de grinchement, puis le grinchement, comme de raison, la tonalité se modifiait selon comment il bougeait sur la chaise, que pendant plusieurs minutes, il faisait juste bouger un peu, puis faire une espèce de... quasiment une mélodie avec le grinchement de la chaise. Puis tout le monde trouvait ça drôle autour de lui. Puis l'animateur dit, mais ça, c'est vraiment toi, ça, c'est ton humour. Il dit... Il y a plein de gens qui sont assis sur la chaise, puis sa personne n'a jamais ri, mais... ta sensibilité à ce bruit-là, puis que ça devienne un personnage, puis que ça devienne drôle, puis que ça devienne vivant, puis que les gens s'en rendent compte, cette espèce de... Ça faisait partie du personnage, de la sensibilité de l'artiste de Pee Weerman. [00:33:11] Speaker A: On pourrait l'imaginer peut-être de la façon suivante, c'est que ce personnage-là, Pee Weerman, c'est un collage de... de personnes, de choses, de gens, d'attitudes qui l'ont vu et qui se sont comme condensées en lui, dans sa fabrication du personnage. Et que toute son émission, c'est comme s'il avait attiré les stimulés extérieurs, puis qu'il en était devenu le transmetteur, en fait, sous forme exagérée. Tu vois ça? T'sais, comme un artiste, comme partenaire. Le monde extérieur, on le voit pas nécessairement, on vit dedans, mais la plupart du temps, il est comme là, en sourdine. Mais t'as des gens qui sont beaucoup plus sensibles que d'autres, beaucoup plus à l'écoute, puis beaucoup plus affectés par les sens. [00:34:13] Speaker B: Oui, c'est ça. [00:34:13] Speaker A: Puis qu'est-ce qu'ils font avec ça, d'être affectés par le grincement d'une chaise ou le cognement de quelque chose, le frigo qui part, le vent qui vient de passer d'un coup. Qu'est-ce qu'ils font avec tout ça? Ils peuvent en faire des spectacles. Ça passe à travers eux pour ressortir. J'ai l'impression, je veux pas romantiser, mais j'ai l'impression qu'en tout cas, les émissions, les pièces de théâtre de mon enfance, c'était beaucoup ça. Le monde que je voyais traduit en caricature d'une façon qui le rendait complètement compréhensible pour des enfants. [00:35:01] Speaker B: Oui, oui, c'est ça, tout à fait. T'as l'impression quasiment de certaines personnes, puis c'est le rôle des artistes aussi, là, dans son sens le plus pur, là, qui sont sur des fréquences un peu différentes. [00:35:11] Speaker A: Oui. [00:35:11] Speaker B: Fait que là, dans une fréquence, il capte des choses, il capte des malaises, le clown, il capte le désir de plaire, mais la peur de tout foirer. Puis là, après ça, ils mettent ça, ils caricaturent ça, ils grossissent ça, puis tout le monde peut être connecté à ça parce que ça vient comme une espèce de retour du refoulé. [00:35:31] Speaker A: Oui. Sais-tu à quoi ça me fait penser? Tu vas peut-être t'en rappeler, là, sans le nommer. C'est qu'on a connu, à un moment donné, un jeune homme qui était... juste à large limite à la fin de l'adolescence, qui avait été placée, qui était à la fin de l'adolescence un peu trop tard pour être placée dans une autre ressource pour jeunes, et qui s'est retrouvée dans un foyer pour adultes. C'était le plus jeune. Puis lui, durant sa vie, en fait, très tôt, il avait reçu un diagnostic très sombre, en fait, très invalidant en santé mentale. Puis qu'on voyait pas nécessairement les symptômes de ça dans le foyer. Ça concordait pas comment il était. Sa façon d'interagir, par exemple, avec le diagnostic précoce qu'il avait reçu. Ce gars-là, autant, bon, le chemin devant lui allait probablement, je ne sais pas ce qu'il est devenu, mais allait probablement être très difficile à cause de son parcours de jeunesse. Mais malgré ça, sa sensibilité à tout ce que nous on faisait, tout ce qui l'entourait, était telle que ça lui a fait monter un show complet de toute pièce, avec à peine un peu d'aide, t'sais. Puis il y a un show qui l'imitait en le transformant des grands spectacles qu'on pouvait voir à la télé. [00:37:08] Speaker B: Tu te rappelles de ça? [00:37:09] Speaker A: C'est un peu ça, cette sensibilité-là. C'est-à-dire, pourquoi ça me fait penser à ça, pourquoi je le dis? C'est parce que pendant qu'on parlait de ça, je me disais, mais t'sais, en fait, il y a peut-être quelque chose aussi dans l'art du temps qui est un peu triste. qui est qu'on peut confondre à la petite école une sensibilité exacerbée avec quelque chose de problématique. Tu sais, Paul Rubens apparemment qui était doué à l'école. Mais tu peux avoir dans des écoles des enfants qui ont de la difficulté un petit peu à suivre parce qu'ils sont envahis, par tous les stimuli autour d'eux, puis que pour peu qu'on leur accorde un endroit calme, où ils peuvent digérer tout ça, bien, ouf, leur talent se révèle, puis là, ça se traduit en dessin, ou ça se traduit en musique, ou en chanson, ou en comptine, ou en créativité. que des fois, t'as l'impression que l'école actuelle permet pas parce qu'il y a un shift, il y a un changement depuis les années... l'époque de Pee Wee Herman et la création de l'époque de Pee Wee Herman et ce qu'on a comme référent culturel aujourd'hui. [00:38:25] Speaker B: Ça a-tu d'allure? C'est bien dit. D'autant plus que des fois, dans le créneau que tu décris, la porte de sortie pour exprimer sa névrose ou ses particularités ou sa sensibilité, c'est pas nécessairement le sport. Le sport, ça peut l'être pour d'autres personnes. D'autres types de personnes peuvent avoir besoin physiquement de faire du sport et d'être réglés par des règles, si je peux le dire, d'être structurés par des règles. [00:38:57] Speaker A: Mais aussi, il y a le sport d'équipe, il y a le sport individuel. Des fois, on pense que l'enfant n'est pas sportif parce qu'il n'est pas bon en sport d'équipe, mais qu'il serait excellent en tennis, par exemple. En tout cas. [00:39:08] Speaker B: Mais donc, j'allais dire qu'il y a certains profils qui sont peut-être mieux aiguillés par le sport, mais il y en a d'autres qui sont mieux aiguillés par l'art. [00:39:15] Speaker A: Oui. [00:39:15] Speaker B: Mais l'art a parfois, par définition, quelque chose de transgressif de l'intérieur. Ce qu'ils vont faire, ce qu'ils vont produire comme art, ce ne sera peut-être pas nécessairement ou au goût du jour. On peut penser. Paul Reuben, toutes les affaires qu'il essayait de faire au début quand il était jeune, c'était des drôles d'affaires. On peut facilement dire que c'était bizarre ou hors normes. Et donc, comment on accueille ça avant qu'au fil du travail, il puisse en faire un personnage qui reste hors normes aussi, à la limite de la transgression? [00:39:51] Speaker A: Mais ça revient aussi un petit peu à ce qu'on disait par rapport à Bertrand Canta, c'est-à-dire que, OK, Bertrand Canta, t'sais, c'est la force motrice de Noir Désir, puis on peut pas dire que c'est pas de l'excellente musique et de la très belle poésie. Mais en même temps, on peut pas être Noir Désir sans une volonté de se mettre en marché. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de gens qui font de la belle musique, de la belle poésie, mais qui n'ont pas ce talent-là, cette énergie-là de se montrer, de vouloir se produire, de vouloir pousser, de vouloir... Puis oui, Herman, Paul Rubin, c'est quelqu'un qui... Puis il le dit carrément sans gêne, c'est quelqu'un d'extrêmement ambitieux, qui n'a jamais arrêté de pousser. Fait qu'il y a la combinaison des deux qui est géniale pour lui, en fait. Parce que d'être bizarre, puis d'avoir des goûts bizarres, puis de faire des dessins bizarres, quand t'es inhibé socialement, c'est pas de chance. [00:41:01] Speaker B: Mais lui, c'est vrai qu'il avait cette drive de réussite, cette ambition. C'est comme encore Richard avait moins, on peut penser. Mais Michael Richard, par contre, est-ce que... [00:41:11] Speaker A: C'est par accident, par hasard? [00:41:13] Speaker B: Peut-être un peu plus ou qu'il n'a pas persisté autant face à l'adversité, mais on y reviendra. Mais peut-être juste parce que ça m'a fait penser, je sais que je l'ai dit l'autre fois, mais Michael Richard, sa transgression a quand même eu lieu dans le cadre d'un spectacle où il y avait de l'improvisation. Et qui, pour des artistes comme Paul Rubens, qui viennent de la même école, que cet espace-là de création est sacré. C'est-à-dire que dans ce cadre-là, tu peux presque tout faire et tout dire, ou en tout cas tout essayer. Il essaie plein de choses, des affaires... Puis il nous dit, entre autres, par Louis Robinson, qu'à un moment donné, il crée un personnage très... aujourd'hui, qui aurait l'air complètement raciste, qui n'avait aucun sens. T'as vu dans le documentaire... Oui, et. [00:41:58] Speaker A: Qui est très content que ça n'ait pas marché, parce que, mon Dieu, ça revient à sa carrière assez tôt là. [00:42:02] Speaker B: Oui, c'est un... Ça n'a aucun sens aujourd'hui. Mais t'essaies des choses, t'essaies des transgressions. Fait que je reviens à ça parce que c'est vrai que Michael Richards, comment il a pu dire ce qu'il a dit, il était quand même dans un. [00:42:14] Speaker A: Espace différent où il n'était pas censé y avoir une caméra qui le filme puis qu'il mette ça sur une télé. [00:42:22] Speaker B: C'est ça. [00:42:23] Speaker A: C'est l'écrasement de deux mondes. [00:42:28] Speaker B: Oui. [00:42:29] Speaker A: They've killed independent Michael Richards. [00:42:32] Speaker B: C'est ça. Mais non, c'est un expos' où tu peux faire semblant d'être en colère, tu peux jouer la colère, tu peux devenir... Mais bref, c'est quand même un expos'... Puis Louis Ciquier l'a dit, qu'il y a eu d'autres enjeux de transgression, mais lui, il voudrait faire en sorte que ça soit impossible pour quelqu'un qui fait des blagues dans un stand-up comique, qui est sur scène, qui est dans ce cadre-là, qu'il puisse être annulé puis tout perdre à cause d'une mauvaise blague. Parce que là, tu te dis, mais... Il y a trop de chances qu'il y ait une mauvaise blague qui fuse à un moment donné. Surtout si tu réagis avec le public. Puis ça peut pas être menotté comme ça. T'essaies, tu tentes, tu pousses trop loin. Ce qui est drôle, c'est la transgression. Fait qu'à un moment donné, tu vas aller trop loin pour certaines personnes ou même pour toi. Mais bref. [00:43:20] Speaker A: Mais c'est que l'humoriste... Ça, c'est une grande discussion qu'on peut avoir aussi. Mais l'humoriste a sa fonction. C'est-à-dire que si... sa fonction de fou du roi, disons, pour le caricaturer. C'est-à-dire qu'on est censé permettre à l'humoriste d'essayer des choses et de prendre des risques qu'on ne peut pas se permettre toujours dans la vraie vie nécessairement, mais parce qu'on a besoin de ça socialement pour équilibrer les choses. Là, si on se met à faire la police des spectacles d'humour, c'est de mauvais augure pour l'ensemble de la société. Ça prend de la catharsis, admettons. Ça prend des espaces où... Bon, bien, il y a un peu de transgression qui est permise, on peut lâcher un. [00:44:18] Speaker B: Peu de... Ouais, c'est ça, ou une espèce de supposition de deuxième degré. Il y a ça aussi. Je veux dire, quand... Parce que c'est une blague célèbre, je m'en rappelle. Yvan Deschamps, il y avait la blague où il arrivait sur scène, puis il disait... Il racontait que c'était la fête de sa femme, puis qu'il lui disait, écoute, Gertrude, c'est ta fête. Il y a beaucoup de vaisselle à faire, je vois. C'est le bordel dans la cuisine, mais c'est ta fête. ne la fait pas, regarde ça pour demain matin. Mais on avait une idée, puis c'était ça en partie le génie des Vendée Champs, c'est qu'il y avait une certaine sensibilité où c'était tellement établi pour le public québécois que tout le monde pensait tout le temps qu'il pensait pas ce qu'il disait. [00:45:11] Speaker A: Il était en train de rire du. [00:45:14] Speaker B: Monde qui disait ça, mais lui il pensait pas ça, le monde le savait. Donc il pouvait dire des affaires, c'était épouvantable. Mais en même temps, si tu perds ça, si tu perds l'idée qu'il peut y avoir un second degré, tu sais, tu passes ton temps à être offensé partout. [00:45:31] Speaker A: Sauf qu'il y a des forces dans la société, probablement dans toute société, qui poussent en sens inverse et qui... voient d'un mauvais oeil des libertés que des artistes se prennent. Puis c'est peut-être ça qui est arrivé à Pee Weerman. [00:46:24] Speaker B: Je disais la chose suivante sur Paul Reubens que je vais lire. L'immersion totale de Paul Reubens dans le personnage, son personnage de Pee Weerman, au sommet de sa popularité, conférait au personnage une qualité authentique presque mythique. Son sens du timing comique et sa physicalité en faisaient un véritable dessin animé vivant. C'est vrai qu'il y avait quelque chose d'un dessin animé, c'est comme un personnage, le Bugs Bunny, on voit des personnages de bande dessinée, il arrivait dans des spectacles dans son personnage de bande dessinée. C'est très particulier. [00:46:58] Speaker A: Oui. Oui. Un peu comme Kramer, Michael Richards. [00:47:02] Speaker B: Oui. [00:47:02] Speaker A: Mais incarné en permanence. Ce serait un Kramer permanent. [00:47:08] Speaker B: Oui, c'est ça. [00:47:09] Speaker A: Ce qui n'est pas arrivé. [00:47:10] Speaker B: Mais encore plus bande dessinée à cause du maquillage et... Oui. [00:47:14] Speaker A: Le petit nœud papillon rouge. Oui. Les cheveux gommés. Le veston cravant trop petit. Les souliers blancs. [00:47:20] Speaker B: Oui. [00:47:23] Speaker A: Et ça, c'est jusqu'à ce que le corps de Paul Rubens le rattrape. On peut dire ça comme ça. [00:47:33] Speaker B: Exactement. C'est parce que ce n'était pas une bande dessinée. [00:47:37] Speaker A: Non. Il faut constituer quand même le contexte. Puis oui, Herman a donc eu ses heures de gloire pendant toute la décennie des années 80. Oui. La décennie des années 80, c'était encore une époque où il y avait des rasias, des descentes policières dans les barguets, à Montréal et ailleurs. Il y en a des fameux à Montréal, jusqu'en 91. [00:48:12] Speaker B: Sans autre raison que le fait que c'était des barguets. [00:48:15] Speaker A: Sous prétexte d'obscénité. Il y avait comme des lois où les morts étaient différentes. Il y avait... Et puis, c'est une décennie où la question de l'avortement aussi était problématique. C'est-à-dire, c'était illégal, puis il y avait des arrestations. Nous, on a eu Morgane Thaler. Tu sais, c'est encore une époque relativement puritaine. ce qui explique peut-être en grande partie le fait de la dissociation entre P. Weerman et Paul Rubens, du fait que Paul Rubens est resté extrêmement discret sur sa vie privée pendant toute sa vie, en fait, et qu'il ait décidé à un moment donné de mettre de côté sa vie sentimentale et sexuelle pour permettre à Pee Wee Herman de réussir. C'était pas du tout une époque où c'était facile d'être gay. [00:49:29] Speaker B: Ouais. [00:49:33] Speaker A: Qui plus est, dans sa vie privée, semble qu'il lui arrivait à l'occasion d'aller voir des films pornos dans des cinémas XXX ou XX, je sais pas pourquoi XXX, c'est 3X tout le temps? [00:49:49] Speaker B: 3X, oui. [00:49:49] Speaker A: Oui? [00:49:49] Speaker B: Oui. [00:49:50] Speaker A: On en avait, moi je me souviens du cinéma L'Amour à Montréal. [00:49:54] Speaker B: Ben oui. Mais ça existe toujours. [00:49:57] Speaker A: Ça nous faisait rire quand j'étais petite. Donc, dans les années 80, on appelait au téléphone pour... Moi, j'ai jamais entendu. [00:50:04] Speaker B: Parler de personne d'autre que toi qui a fait ça. Là, tu dis «on», là, mais... [00:50:08] Speaker A: Tu faisais pas ça, toi? [00:50:09] Speaker B: Non. [00:50:09] Speaker A: Non, non, mais t'es plus jeune que moi, peut-être. Exact. T'es mieux élevé aussi. T'es mieux encadré. [00:50:17] Speaker B: Ouais, non, moi je suis pas sûr que c'est ça, mais moi je pense que j'avais un registre fantasmatique peut-être plus fort, où il y avait plus d'affaires qui se passaient dans ma tête, puis j'avais pas le sentiment de dire « je vais pitonner le téléphone ». En fait, on pitonnait pas dans ce temps-là, c'était l'avenir. [00:50:30] Speaker A: Oui, c'était un cadran rond. fait qu'on composait le numéro de téléphone du cinéma l'amour pour entendre c'était quoi les films à l'affiche puis là il y avait une voix de femme qui nous disait le cinéma l'amour vous présente emmanuel un film il racontait l'histoire ça nous faisait bien rigoler C'était dans mon enfance. C'est comme dire... D'un côté, il y avait quelque chose de relativement... C'est-à-dire de plus puritain, de plus moral, disons, dans les années 80 que ce dont on se rappelle, peut-être. Mais de l'autre côté, les enfants étaient beaucoup plus laissés à eux-mêmes. est moins contenu et guidé et structuré qu'aujourd'hui, peut-être. [00:51:20] Speaker B: Mais on peut, par contre, regretter... [00:51:22] Speaker A: Sauf toi, disons. [00:51:24] Speaker B: Oui, c'est ça. Faut-il le suivre. Mais on peut regretter, je pense, sans me tromper, le temps, donc dans les années 80, où on savait que ça existait. Il y avait « Bleu nuit » qu'on savait qui existait à la télé, mais en même temps, il y avait un voile dans les deux cas, c'est-à-dire un passage, un voile qui n'entrait pas... C'est pas n'importe qui qui rentrait au cinéma en amont. Il fallait que tu sois majeur, tout ça. « Bleu nuit », c'était quand même assez léger, c'était soft. Quand t'allais dans des clubs vidéo, il y avait une section séparée avec des portes de bord de cow-boy qu'il fallait que tu passes au travers. Puis on pouvait te dire de pas y aller. [00:52:10] Speaker A: Mais tu pouvais y aller quand t'étais ado. Non, je me rappelle très bien. [00:52:13] Speaker B: Non, moi, je n'y allais pas, mais je respectais la code. [00:52:15] Speaker A: Tu ne savais pas ça. Tu respectais les règlements, oui. [00:52:18] Speaker B: Mais quand même, on peut regretter qu'aujourd'hui, la porno soit si facilement accessible aux jeunes. [00:52:24] Speaker A: Oui, puis c'est un autre genre, le porno aussi. Parce qu'il n'y a pas de voile. [00:52:27] Speaker B: Le voile, que ce soit la porte, l'entrée... Le passage, là, maintenant, est effacé parce qu'il y a des jeunes de 9 ans qui se font montrer le téléphone, « Regarde ce que j'ai trouvé. [00:52:38] Speaker A: » « Ah, mets-le dans ta face. » Oui, oui, oui. [00:52:41] Speaker B: Le voile du fantasme est parti aujourd'hui. [00:52:45] Speaker A: Puis c'est ça. Puis ce qui se font montrer, c'est pas du tout de la même nature que ce que nous, on appelait porno dans mon temps, tu sais. [00:52:53] Speaker B: C'est pas la sulpureuse d'Emmanuel sur son lit, c'est des organes génitaux en haut plan. [00:52:58] Speaker A: Oui, avec aucune histoire vraiment autour. [00:53:02] Speaker B: Mais bref, donc... [00:53:03] Speaker A: Ce qui est paradoxal, si je peux juste aller vite, ce qui est paradoxal, disons, si on compare rapidement, là, les années 80, où là, les enfants, les jeunes, les ados sont beaucoup plus laissés à prendre des risques, faire des conneries, courir un peu partout, puis appeler au cinéma l'amour, puis finalement rentrer dans le club vidéo, puis ressortir avec une cassette d'un film porno, tu sais, sans supervision parentale ou intervention quelconque de quiconque. Mais dans une forme de structure qui maintenait un voile fantasmatique, un certain mystère, un sentiment de transgression. [00:53:54] Speaker B: Une histoire. [00:53:55] Speaker A: Une histoire, c'est ça. Et aujourd'hui, la surprotection des enfants, contrôle parental et ainsi de suite, l'aseptisation des émissions pour enfants, de l'enseignement, l'aseptisation, le contrôle des parcs où on joue. Tout est hyper sécuritaire, pensé pour hyper, hyper sécurité. Mais le risque de tomber par inadvertance, par accident, sur des images extrêmement violentes, pornographiques, qui circulent, puis sans aucun masque, aucun filtre, aucun rien, inassimilable. Parce qu'il n'y a pas de filtre, il n'y a pas de... Justement pas. [00:54:39] Speaker B: Il n'y a pas de discours. [00:54:40] Speaker A: Ça fait que c'est intéressant, en tout cas, comme paradoxe d'évolution des mœurs, puis des pratiques, puis de l'expérience de la jeunesse. [00:54:48] Speaker B: Tout à fait. Mais donc, en ce beau 26 juillet 1991, Paul Rubens est à Sarasota, en Floride, qui, dans ce temps-là, à ce qu'on me dit, était assez plate comme endroit. Et il décide d'aller voir un film porno, un film pour adultes. Notamment... Ça, ça donne que je sais le nom du film. -"Nurse Nancy". [00:55:14] Speaker A: -"Nurse Nancy", OK. Le cinéma, l'amour vous présente, l'infirmière non sûr. [00:55:22] Speaker B: Oui, voilà. [00:55:23] Speaker A: Ça me rappelle des souvenirs. [00:55:26] Speaker B: Est-ce qu'il y a en soi... Tu sais, c'est une transgression, je pense qu'on peut le dire, assez mineure. [00:55:36] Speaker A: Ben oui, au vu des mœurs d'aujourd'hui. Puis même probablement à l'époque, dans la culture hollywoodienne où il était aussi, c'est pas grand-chose d'aller voir un film porno dans un endroit qui est conçu pour projeter des films pornos. [00:55:53] Speaker B: Sauf que... En fait, veux-tu déclarer ce qui arrive. [00:55:55] Speaker A: Ou... Non, vas-y, je pense que tu... Tu vas être plus précis que moi. [00:55:59] Speaker B: En fait, donc, ce que je comprends, il y a une descente des policiers parce qu'ils croient que cet endroit-là... J'ai oublié le nom du cinéma, mais il y a une surveillance de détectives, donc des détectives en civil qui font... Ça fait partie d'une campagne contre l'obscenité. Ils ont entendu parler qu'il y a des hommes qui vont dans ce cinéma-là et qui se masturbent et qu'il y aurait des trucs homosexuels. Et dans ce temps-là, en Floride, il y a un mouvement aussi anti-homosexuel. Alors, des policiers arrivent en civil. [00:56:29] Speaker A: Écoutent le film durant leurs heures de travail pour surveiller les autres qui écoutent le même film qu'eux. [00:56:37] Speaker B: L'histoire ne dit pas s'ils ont attendu de voir ce qui arrivait à Nurse Nancy avant d'agir. Mais bref, ils attrapent trois personnes. Puis c'était un peu peu clair qui faisait quoi, mais ils sont arrêtés. Un des trois ou deux des trois, il y a quelqu'un qui s'est masturbé dans les trois. Paul Rubens dit que lui, non. Il était juste là, mais lui, non. Mais il est accusé d'eux, ou en tout cas... Et donc, quand ça arrive, il dit, il dit, c'est malaisant, je suis Paul Rubens, je joue le personnage de Pee Wee Herman. [00:57:13] Speaker A: Ça, c'est un réflexe un peu égotiste. « Sais-tu, je suis qui, moi? » Ça s'est retourné complètement contre lui. Il s'est entarté tout seul. [00:57:22] Speaker B: Exact. Puis je pense qu'il dit « Y'aurait-tu moyen de payer une honte, de payer quelque chose, pis que ça soit pas publicisé? » C'était bien mal connaître, ce qui est arrivé. [00:57:32] Speaker A: Parce que, je vais ajouter, le truc, c'est que s'il n'avait pas dit ça, les chansons, que les gens n'auraient pas fait de lien, parce qu'il était méconnaissable. Physiquement, c'était pas... Paul Reuben, c'était pas du tout Pee Wee Herman. Physiquement, il ne se ressemblait pas du tout, du tout. [00:57:56] Speaker B: Mais en fait, tout est basé là-dessus. En fait, c'est un crime sans victime, à la limite, parce que ça n'a jamais été dit qu'il n'y a rien fait d'autre qu'être présent. Et ce n'est pas un crime d'être présent dans un endroit comme ça. Mais ça n'avait pas d'importance, ça n'avait aucune importance. Il est allé au poste de police, et au poste de police, aux États-Unis, ça fonctionne comme ça, moins au Québec, à ma connaissance. Ils prennent une photo, peut-être qu'ils en prennent une ici, mais la photo qu'ils prennent aux États-Unis devient publique. Alors, il y a ce qu'on appelle, et c'est très connu parce que c'est un terme aux États-Unis qui vient vraiment ancrer les choses, un mugshot. [00:58:32] Speaker A: Oui. [00:58:33] Speaker B: Fait que t'as son mugshot, t'as sa face, deux photos prises de profil et de face. au poste de police, et là, il a l'air de Charles Manson, il a une barbe, il est pas rasé, il a les cheveux longs, il est méconnaissable par rapport à son personnage de Pee Wee Herman, mais c'est la photo, la transgression, c'est ça qui a capté l'imaginaire du monde, parce que dans les faits, sinon, je veux dire... Un rocker qui est toujours tout croche aurait été pli dans une salle. Personne n'aurait rien fait de ça. Mais la source de délision, la source de blague, le scandale, c'est la photo. Tu ne peux pas faire autrement que comparer sa bouille en Paul Robbins que personne ne connaît Quand il visite ses parents, pas rasé, les cheveux longs, l'air mayonnais, fatigué, avec le visage enfantin, je ne sais pas comment le décrire. [00:59:32] Speaker A: Parfaitement rasé, peigné avec une raie à gauche, à droite, en tout cas de côté. [00:59:38] Speaker B: Un espèce de personnage de bande dessinée de Pee Wee Herman. Le contraste est incroyable et donc ça fait le tour de la planète. Et comme de raison, les États-Unis étant ce qu'ils sont quand même parfois, tous les contrats tombent d'un coup. C'est que là, c'est une mission est annulée. Puis en fait, tu sais, c'est un peu ridicule parce qu'à partir du moment où tu dis qu'il n'y a rien fait d'autre que d'être là, c'est un peu comme si son crime, c'est Paul Reuben, c'est une vie sexuelle. [01:00:08] Speaker A: Exactement, mais c'est ça. Il n'y a rien fait d'autre que d'être là. Et même s'il s'était masturbé dans cette... dans cette enceinte, c'est pas... Tu sais, au standard d'aujourd'hui, c'est pas... Tu sais, c'est pas la fin des temps, non. Tu sais? [01:00:28] Speaker B: Non, c'est ça. [01:00:29] Speaker A: Mais... que cette personne ait eu pendant des années une émission pour enfants, Ça marche plus. [01:00:42] Speaker B: Non mais c'est ça, ça fonctionne plus. Alors donc CBS retire l'hérodiffusion de Pee Wee's Playhouse qui avait arrêté, donc en 91, il avait arrêté de faire les cinq saisons de son émission du samedi matin de Pee Wee's Playhouse. Mais Toys R Us arrête de vendre les produits dérivés. Ils faisaient des voix pour Disney, puis ils perdent tous ces contrats. Puis on en revient un peu à ce qu'on disait tantôt, mais on l'a juste effleuré, mais c'est vrai que les fameux executives de ces grandes compagnies-là, de Disney, CBS, tout ça, c'est sûr que tu peux pas te fier à eux autres pour avoir une certaine éthique. C'est-à-dire, s'ils veulent pas être associés à quelqu'un parce que c'est pas beau pour leur image. Il annule, c'est fini. [01:01:24] Speaker A: Demain matin, c'est terminé. [01:01:26] Speaker B: Même s'il n'y a pas de justification éthique autre qu'on ne peut pas être associé à lui, on annule. À la limite, on va laisser passer le temps. Si on pense qu'à un moment donné. [01:01:34] Speaker A: On peut faire de l'argent pour sa. [01:01:37] Speaker B: Réhabilitation, on va le rembarquer, ça, il n'y a pas de trouble. Mais si ça ne nous sert plus, c'est fini. [01:01:42] Speaker A: Oui, exactement. [01:01:43] Speaker B: Lui, quand même, il perd beaucoup. en peu de temps pour pas grand-chose. Si on compare à d'autres qu'on a parlé, c'est un crime quand même sans vraiment victime. [01:01:53] Speaker A: Contrairement à Weinstein, par exemple, qui a pu lui sévir pendant des années et des années sans que personne ne dise rien parce que sa position n'était pas du tout la même. [01:02:06] Speaker B: Serais-tu disposée, toi, à écouter ce que Weinstein aurait à dire? [01:02:11] Speaker A: Oui, mais oui. Pourquoi t'as... Tu veux... Il y a quelque chose qui est susceptible de me faire changer d'idée? [01:02:21] Speaker B: Non, non, mais tu sais, moi, j'ai pas suivi ça du tout. C'est une parenthèse. [01:02:24] Speaker A: Moi non plus. Moi non plus, je parle comme... exactement comme on fait des fois, là, à partir des gros titres. [01:02:30] Speaker B: C'est ça. Fait que je sais pas. J'ai pas suivi. Je doute pas. J'ai pas d'a priori, vraiment. Sauf que, tu sais, je voyais récemment une journaliste controversée. Candace Owens, on n'a pas la nommée. Très, très détestée et controversée, qui, elle, dit qu'il y a quand même quelque chose. Bien, moi... C'est ça qu'elle dit. Elle dit, bien, moi, je veux lui donner de la parole, l'interviewer pour voir ce qu'il y a à dire. Ça m'enlève rien dans mon jugement de lui donner de la parole. Tu sais, bon. J'ai pas écouté, mais bref. [01:03:01] Speaker A: Mais c'est ce qu'on fait toujours, en fait. Oui, pour ça, je serais disposée. Mais il me semble que c'est ce qu'on devrait toujours faire. [01:03:08] Speaker B: Oui, non, c'est juste que, tu sais, des fois, à un moment donné, dans tous les cas qu'on peut explorer, on en choisit. Il y en a qui nous intéressent moins que d'autres. [01:03:14] Speaker A: Oui, c'est ça. Oui, non, c'est ça. [01:03:15] Speaker B: Mais bref. [01:03:17] Speaker A: Je serai disposée, mais pas particulièrement intéressée. [01:03:20] Speaker B: C'est ça. Moi aussi. Toi aussi. Oui, c'est ça. Mais donc... Il perd tout, mais en fait, je pense que ce qui est arrivé, c'est qu'il réussit pas longtemps après pareil. Tu sais, en 1991, il refait une présentation au MTV Music Awards où il est présent. [01:03:43] Speaker A: Une ovation debout. [01:03:44] Speaker B: Ouais. [01:03:46] Speaker A: Après tout ça, il se présente et il y a une ovation debout. [01:03:51] Speaker B: Ouais. [01:03:53] Speaker A: À Hollywood, là. [01:03:54] Speaker B: Donc, c'est ça. Il est comme réhabilité à ce moment-là, mais après avoir passé au travers de plusieurs pertes de contrat, puis il y a un purgatoire où pendant... Je m'en rappelle, ça, par contre, vraiment, je m'en rappelle, où pendant des mois, c'est le punchline de beaucoup de blagues. C'est triste, mais c'est comme ça. C'est vrai que souvent, dans un certain... Moi, j'étais assez ambivalent par rapport à ça, mais dans un certain discours social, le discours social demeure assez à la surface, et dans ce cas-là, t'as un contraste, et donc les gens s'en souviennent, ça frappe, là, wow, il est vraiment différent, tout ça, ouais, qu'est-ce qu'il a fait? Les gens s'en préoccupent pas tant que ça, là, c'est pas comme si c'était un sujet de conversation où les gens veulent savoir ce que c'est pas. C'est juste, tout le monde est au courant de l'image, en fait, c'est vraiment l'image. Il y aurait pas eu d'image, il y aurait pas eu de mugshot, il y aurait rien eu, mais l'image... fait ancre l'affaire et ça fait partie du dialogue social pendant un bout de temps. [01:04:58] Speaker A: Puis il n'est pas l'objet d'opprobre, il est l'objet de ridicule. C'est ça que ça lui donne en fait. C'est peut-être ça aussi qui est plus humiliant de cet épisode-là parce qu'il y en a un autre ensuite. Ce qui est plus humiliant dans cet épisode-là, c'est le fait de sa ridiculisation. Il n'a pas été ostracisé de la même façon qu'une société qui aurait trouvé ça scandaleux l'aurait ostracisé. Il a été accueilli, il a été soutenu, puis il a été ridiculisé. et il s'est effacé par la suite, pendant dix ans à peu près. [01:05:35] Speaker B: Oui, c'est ça. Oui, exact. Entre autres, on peut penser parce que t'sais, t'as quelqu'un, on le voit un peu dans le documentaire, qui décède d'un moment donné, qui veut vraiment garder sa vie privée privée, qui veut garder son identité privée, c'est-à-dire son identité hors Pee Wee Herman, méconnue, Puis là, d'un coup, elle devient complètement connue, mais juste sur une chose. Ça a été fait prendre dans un cinéma avec une sale bouille à se masturber. C'est juste ça pour lequel il est connu. Les gens ne savaient rien d'autre de Paul Reubens. Fait qu'il est méchant quand même. [01:06:11] Speaker A: Ah oui, non, ça c'est le retour du réel. C'est drôle, mais pour lui, à sa place, c'est... Ouais. [01:06:21] Speaker B: Donc, oui, il arrête de faire Pee Weerman, en fait, et d'être dans la vie publique pendant un bout de temps. [01:06:30] Speaker A: Il joue... Il fait, tu sais, quelques petits caméos, il joue... Il fait la narration de différents personnages, mais il reste essentiellement discret. Puis là, en 2001, est-ce qu'il est revenu en 2001? Parce qu'il est arrivé quelque chose en 2001. qui a comme scellé un peu son sort d'une certaine façon, non? [01:06:54] Speaker B: Oui, c'est ça. Puis en 2001, il était réhabilité, c'est-à-dire pas tant en tant que Pee-wee Herman, mais en tant qu'acteur qui pouvait faire des émissions de télé puis des trucs. [01:07:03] Speaker A: Puis là, il a commencé à refaire d'autres émissions. [01:07:06] Speaker B: Oui. [01:07:07] Speaker A: Puis à un moment donné, quelqu'un porte des accusations pour possession de pédophilie de matériel pornographique juvénile. [01:07:16] Speaker B: Exact. en novembre 2001. [01:07:21] Speaker A: Et là, c'est plus gros. Là, c'est plus grave. [01:07:25] Speaker B: Oui, puis en même temps... Encore là, Paul Reubens n'était connu que pour ce qui est arrivé en 91. Après ça, il se cache. Il revient, il fait quelques trucs, mais... Tu sais, moi, j'ai pas... Dans l'après-coup, j'ai dit, ah oui, c'est vrai, il a joué dans Batman, il a joué dans tel truc, je le reconnais, mais c'était très, très... [01:07:48] Speaker A: Secondaire, certainement. [01:07:49] Speaker B: Secondaire, puis... Fait que là, mais Paul Reubens est encore associé à une autre histoire de berce, en fait. [01:07:55] Speaker A: Oui. [01:07:57] Speaker B: Et je sais pas, qu'est-ce qu'on en dit de ça? [01:07:59] Speaker A: Bien, c'est que... La première fois, donc, en 91, il est accusé et il plaide coupable à des accusations réduites, ou no contest, là, ce qu'on appelle je conteste pas, j'accepte l'accusation, c'est-à-dire je me défendrai pas, pour pas empirer mon cas, en fait, pour pas continuer d'attirer l'attention... [01:08:20] Speaker B: Pour éviter un procès. [01:08:21] Speaker A: Pour éviter un procès, en fait. [01:08:22] Speaker B: Et donc, juste pour donner une idée de grandeur, comme, donc, exactement, no contest pour ne pas avoir de procès et donc de remettre ça... dans la chaîne de nouvelles, la chaîne de CNN. Mais donc pour donner une idée quand même de l'ampleur de l'importance, il est condamné à une amende de 219 $ et 75 heures de travaux communautaires. Ça donne quand même une idée que c'est assez... [01:08:45] Speaker A: C'est obscénité. L'accusation, c'est obscénité. — Oui. [01:08:48] Speaker B: Puis t'sais, c'est quand même 219 $ et 75 heures de communautaire. [01:08:51] Speaker A: — Oui. [01:08:51] Speaker B: — Si on regarde la punition... La punition, c'est la photo dans les journaux, c'est sûr. — Exactement. [01:08:56] Speaker A: Exactement. [01:08:56] Speaker B: — C'est 219 $. [01:08:57] Speaker A: — Exactement. Puis il l'a payée pendant 10 ans au minimum... bien, pendant toute sa vie. — Oui. [01:09:01] Speaker B: C'est ça. [01:09:02] Speaker A: — Parce que maintenant qu'il a pas eu de procès puis qu'il a pas été acquitté avec éclat, la perception, c'est que, bon, bien, il accepte... Il accepte les accusations. La perception, c'est qu'il reconnaît les faits. même s'il ne les reconnaît pas en réalité. En réalité, il reconnaît qu'il était là, mais il ne reconnaît pas qu'il s'est masturbé en public. [01:09:26] Speaker B: Mais il veut éviter le procès. [01:09:27] Speaker A: Mais il veut éviter un procès. Sauf que la perception reste que, puisqu'il a accepté la peine, donc il n'a pas de fumée sans feu. Et de toute façon, la photo prouve qu'il est coupable. [01:09:38] Speaker B: Oui, il écrase juste avec le... Oui, ça bouille sur la photo. [01:09:41] Speaker A: On le voit, il y a une face de coupable. [01:09:43] Speaker B: Wow! Oui. [01:09:49] Speaker A: Avec ça derrière lui, quand quelqu'un porte des accusations de possession de pornographie juvénile, bien là, la suspicion est plus grande. Finalement, il est arrivé la même chose, en fait. Il a plaidé nos camps de test où il a accepté sa peine, une peine réduite. [01:10:14] Speaker B: Il a accepté une peine réduite, donc les... [01:10:17] Speaker A: Pour avoir la paix. Il a essayé d'acheter la paix, en fait. C'est ça. [01:10:20] Speaker B: Et donc, lui, ce qu'il dit, c'est que... [01:10:21] Speaker A: Il ne l'a pas acheté. [01:10:22] Speaker B: Lui, ce qu'il dit, c'est qu'il y a une collection, c'est son argument, là. Il y a une collection de matériel, d'art, pis c'est vrai. En fait, il y a une collection épouvantable. C'est des gadgets des années 50 et 60, là. [01:10:33] Speaker A: Il y en a pour faire amuser. [01:10:35] Speaker B: Mais donc toutes sortes de photos, des. [01:10:38] Speaker A: Films, des revues de musculature, des hommes musculeux des années 50 encore. Il y a tout ça. Puis son argument, c'est que parmi Peut-être qu'à l'intérieur d'une des revues ou dans un des films, il y a un des personnages qui a 17 ans, mais ce n'est pas une collection de pornographie juvénile, pas en tout. [01:11:07] Speaker B: C'est son argument. Il dit même des boîtes qui n'ont jamais été ouvertes. C'est un collectionneur qui achetait des lots. C'est son argument. Je comprends que chaque partie a son argument. Mais bref, ce qu'on sait, c'est que les accusations de possession de pornographie juvénile sont abandonnées en échange d'un plaidoyer de culpabilité pour possession de matériel obscène. [01:11:27] Speaker A: C'est ça. [01:11:28] Speaker B: Il est condamné, encore là, ça donne une idée quand même de grandeur, de l'importance, il est condamné à une demande de 100 $, à trois ans de probation informelle, un counseling d'un an, mais quand même de s'enregistrer comme délinquant sexuel pendant trois ans. Est-ce que ça, il n'est pas rien, là? [01:11:41] Speaker A: Non. Non, puis ce qui fait partie aussi de l'histoire, c'est que... aux États-Unis, il y a un lien entre le bureau du procureur et les bureaux politiques. C'est-à-dire, dans ce cas-ci en particulier, quelqu'un à la mairie ou je ne sais trop, avait besoin de quelque chose pour se faire réélire, de telle sorte que le jour même où là, ils atteignaient la limite pour pouvoir porter des accusations, alors que tout semblait aller dans le sens de les laisser tomber, à la dernière journée, ils ont décidé de réduire les accusations, puis d'aller de l'avant. Donc de l'accuser d'obscénité parce que ses revues ou des cadres, ou je ne sais trop, pouvaient choquer. Pouvaient choquer des gens. Parce qu'il y a ça aussi. Il y a son image publique à lui, mais son image publique en tant que... Parce que c'est un culte. Puis oui, Herman, c'est un culte. Son image publique à lui pouvait servir à l'image publique de quelqu'un d'autre. [01:12:57] Speaker B: Oui, c'est ça. [01:12:57] Speaker A: Et c'est pas indifférent dans l'histoire. [01:13:02] Speaker B: Ouais. Mais donc, ça a été lié de l'hors-cours, fait qu'on saura jamais exactement c'est quoi, qu'est-ce qu'il y avait, c'est-à-dire qu'à un moment donné, il accepte, il accepte, il accepte, puis c'est comme ça. Ce qu'on sait, par exemple, et c'est là qu'on peut faire peut-être le lien avec Bertrand Canta, Michael Richards et lui-même, c'est que ce qui lui est resté, c'est la honte. [01:13:26] Speaker A: Oui. [01:13:27] Speaker B: Et c'est le cas aussi de Michael Richard. Donc l'événement qui est arrivé à Michael Richard a brisé sa carrière. Mais en fait, dans le cas de Michael Richard, c'est lui qui l'a décidé. Il s'est auto-annulé, il ne voulait plus rien faire, il n'a jamais pu faire du stand-up comédie. [01:13:41] Speaker A: Il n'est plus capable. [01:13:42] Speaker B: Non, c'est ça. Et on le voit très perturbé par l'affaire. Paul Rubens a réussi quand même à continuer à faire sa carrière. Après, il a fait d'autres films, il a fait des shows, mais il n'a jamais eu la même... Puis en fait, on le voit dans le documentaire que ça l'a très, très affecté, cette situation-là, et que ça lui est resté jusqu'à la fin de sa vie, en fait. [01:14:05] Speaker A: Oui. Bien, il y a quelque chose, en fait, je sais pas, toi, qu'est-ce que t'en as pensé? Je suis curieuse de... Parce qu'il y a quelque chose dans ce documentaire-là, sur quoi j'aimerais t'entendre, qui, moi, m'a dérangée. Mais peut-être que c'est une mise en scène aussi, je sais pas. Il y a un enjeu à savoir qui contrôle la fabrication du documentaire. Est-ce que c'est le réalisateur, donc celui qui interview Paul Rubens ou est-ce que c'est Paul Rubens? Puis cet enjeu-là revient régulièrement. Est-ce que c'est de la mise en scène ou pas? C'est ça que je me disais, parce qu'à un moment donné, c'est un peu irritant. Je comprends pas, moi, qu'un intervieweur passe son temps à demander à son interviewee, mais là, pourquoi tu me fais pas confiance? Il faudrait que tu me fasses confiance. C'est fatigant, c'est comme... T'as pas besoin. Ça m'a irritée un peu. Sauf que c'est construit comme ça pour qu'à la fin, on comprenne pourquoi le dernier entretien n'a pas eu lieu et pourquoi, d'après le documentaire, Paul Rubens a décidé d'arrêter de collaborer, mais aussi pourquoi, à la toute fin de sa vie, la veille de son décès, il a envoyé un complément pour terminer, enregistré par lui-même, pour terminer le documentaire. Ce complément étant... Donc, c'était la veille de sa mort, selon le documentaire. Tu sais, je dis selon le documentaire parce que des fois, on en prend, on en laisse. C'est pas parce qu'on fait un documentaire qu'on essaie pas de dramatiser aussi, là. Donc, c'est possible que oui ou c'est possible que non, j'en sais rien, mais c'est bien construit. Pour les faits dramatiques, ça marche. Paul Rubens s'enregistre lui-même en voix off, puis en filmant son jardin puis son environnement, les oiseaux qui viennent, les coyotes, la vraie vie qui vit autour de lui. Et son dernier message, c'est pourquoi j'ai participé à ce documentaire, mais c'est aussi pour telle telle raison, puis c'est ses réflexions finales à la fin de sa vie. Il est mort en 2023. Aussi, qu'est-ce que ça fait d'être accusé de quelque chose qu'on n'a pas fait? T'en as pensé quoi, toi? [01:16:42] Speaker B: Et de se faire affubler de quelque chose qu'on n'est pas... Parce que c'est ça qu'il dit aussi, il dit à... Il dit, reprochez-moi ce que vous voulez, mais je suis pas un pédophile. C'est ce stigma-là, je suis pris avec, c'est pas vrai. [01:16:53] Speaker A: C'est ça. C'est ça. [01:16:56] Speaker B: C'est une bonne question, parce que... [01:16:59] Speaker A: C'est parce qu'il n'a pas voulu en parler. Ce qu'on comprend en playlign, peut-être que je me trompe, mais l'impression que j'ai, c'est que ce qu'on comprend en playlign, c'est que tout le long du documentaire, on attend ce sujet-là, mais qu'il ne vient jamais parce qu'il y a une tension permanente entre qui contrôle le message. [01:17:18] Speaker B: Puis on a fait le podcast un peu comme ça, pareil, on a attendu la fin pour amener ce sujet-là, puis on a pourtant voulu l'éviter puis passer vite. Oui, bien je ne sais pas. Parce que t'as raison, c'est tout à fait une possibilité, une hypothèse que le documentariste qui est Tim Wolfe, je crois, et Paul Rubens aient décidé de rendre ça dramatique. Bon, ce qu'on n'a pas dit ou on l'a dit sans le dire, c'est que... Pendant que le documentaire se fait, il mourra. Lui, il sait, mais il ne le dit pas aux documentaristes. Donc, c'est à la fin. Quand le documentaire est presque terminé, il décède en 2023. Et donc, comme tu dis, il laisse ce petit mot-là où il explique. Mais donc, est-ce que ce n'est pas vrai qu'il y avait ce conflit-là entre les deux sur la confiance mutuelle, puis qu'ils ont décidé que c'était une bonne façon de rendre le documentaire plus intéressant? Ce n'est pas ce qu'il dit, le documentarisme, alors ça vaut ce que ça vaut, mais il dit qu'une première version qui avait été faite où il enlevait tout ça, Puis il l'a présenté à plein de gens, puis les gens lui ont dit, bien, en fait, c'est tellement représentatif de sa personnalité, puis de ce qui est arrivé, que tu devrais l'intégrer plus dans le documentaire. Il l'a peut-être trop fait, même. C'est vrai que c'est un drôle de documentaire pour ça. Il passe son temps à... C'est comme un documentaire qui arrête pas de se dire, on arrête-tu, on continue, tu me fais-tu confiance, c'est-tu moi qui devrais en parler, c'est toi, je te parle plus. Ça donne une drôle de connotation à la femme. [01:18:51] Speaker A: Ça m'énerve. Je trouve ça irritant. Je dis OK, mais là, pourquoi... Pourquoi? [01:18:56] Speaker B: On n'a pas besoin de savoir ça. [01:18:57] Speaker A: Non, mais aussi, quand tu es quelqu'un qui interview quelqu'un d'autre, il me semble que ça n'inspire pas confiance si tu lui demandes est-ce que tu me fais confiance. Tu comprends? [01:19:09] Speaker B: Oui. Mais je pense que Paul Rubens n'arrêtait pas de se dire qu'il ne faisait pas confiance. [01:19:14] Speaker A: Oui. [01:19:14] Speaker B: Puis qu'il voulait avoir plus de contrôle. Parce qu'un des thèmes du documentaire aussi, c'est que c'est un control freak qui veut toujours très, très tout contrôler dans les détails de son personnage, de son émission, de son image et tout ça. [01:19:27] Speaker A: Mais pourquoi pas lui laisser le contrôle? C'est quoi l'enjeu? C'est quoi le problème de lui laisser le plus de contrôle possible? ce que tu veux, c'est quoi, si t'es un documentariste? Moi, je comprends si t'es à la place de Paul Rubens de dire, mais OK, lui, c'est quoi qu'il veut. Moi, je sais ce que je veux. Mais lui, pourquoi il est là? Qu'est-ce qu'il veut de moi? [01:19:49] Speaker B: Oui, mais on peut aussi plaider que, s'il n'en veut pas, le documentariste fasse son propre documentaire. À un moment donné, il veut lui-même interviewer les gens pour savoir ce qu'ils disent sur lui. Puis là, le documentariste dit « Ben non, sinon, pourquoi je suis là? » Je veux dire, je fais un film sur toi, puis c'est toi qui vas faire les entrevues, puis c'est toi qui vas faire le montage. Ben là, je n'ai plus mon documentaire. [01:20:10] Speaker A: Oui, en même temps, tu pourrais dire « OK, non, mais l'idée est quand même géniale. » je vais t'accompagner parce que je constate que si je suis pas là, t'as pas la motivation pour le faire, mais que le fait que je le fasse, en fait, je te prête mon désir. Fait que là, je suis contente de ce que ça pourrait donner, puis permets-moi de t'accompagner. Puis moi, pendant ce temps-là, je ramasse... je ramasse les petites pépites qui tombent par terre, tu sais. Puis j'agis comme consultant. Pourquoi tu as besoin de dire non, non, c'est mon film à moi? Toi aussi, tu as des enjeux de contrôle. Tu sais, t'es comme drôlement placé pour dire non, mais c'est genre des enjeux de contrôle à lui, puis j'arrête pas de lui dire... Non, non, c'est moi qui contrôle, c'est pas toi. [01:20:52] Speaker B: C'est mon film. [01:20:52] Speaker A: C'est mon film. En tout cas, je... C'est parce que le résultat final, c'est le résultat final. Ça aurait peut-être été un autre résultat, puis un documentaire poche, peu importe, je sais pas. Mais c'est que le fait que ça revient continuellement, moi, j'ai trouvé ça particulier. [01:21:12] Speaker B: Oui, c'est comme si ça vise à démontrer en direct les thèmes qui lui sont associés dans sa carrière passée. Les thèmes de contrôle, de malaise à révéler des choses sur lui. [01:21:23] Speaker A: De conflit avec ses collaborateurs. [01:21:24] Speaker B: Tout ça, c'est vécu. [01:21:26] Speaker A: De traits de personnalité qu'on lui impute, oui. [01:21:32] Speaker B: Ben voilà. Pour terminer, ce qui est certainement humainement triste, ce n'est pas tout ce qui s'est passé, mais c'est d'autant plus triste par définition du fait que c'est un homme mourant quelques jours avant sa mort, c'est que ces deux événements-là, on a l'impression, étant donné sa personnalité, son ambition, le contrôle de son image, que ça l'a vraiment brisé. Puis qu'il a jamais pu vraiment s'en remettre. En tout cas, c'est ce que le documentaire laisse entendre. [01:22:09] Speaker A: Puis peut-être aussi qu'acheter la paix quand on a l'impression que les accusations sont injustes, non fondées ou fausses, c'est peut-être la meilleure stratégie à court terme, mais à long terme, ça l'est peut-être pas. Un faux jugement, une fausse impression, des choses que les gens vont lire sur un site juridique, mais qui sont faussées ou tout croche, que t'as pas contesté, Pour ne pas attirer l'attention sur les faussetés que t'as l'impression qui ont été dites sur toi, si ça t'achète la paix à court terme, ça te laisse quand même jusqu'à la veille de ta mort avec le sentiment que ce qu'on pense de toi, c'est pas ce que t'es. Qu'il y a quelque chose d'irréparable qui va continuer à flotter dans le monde.

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